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Le rôle de la moto au cinéma

Whiplash, diffusion du mercredi 16 mai 2018 à 22h40

Ça saigne sur les cymbales ! Damien Chazelle orchestre avec brio la relation sadomaso entre un jeune batteur ambitieux et un prof tyrannique. Critique : | Genre : combat de jazz. Bien décidé à devenir le meilleur, Andrew, jeune batteur d’un conservatoire de Manhattan, réussit à intégrer l’orchestre de jazz dirigé par le terrifiant Terence Fletcher, qui tient la perversité et l’humiliation pour des vertus pédagogiques. Avec une virtuosité incroyable, Damien Chazelle fait de cette maigre intrigue un duel captivant où la musique se fabrique dans la douleur. Mise en scène syncopée, tension permanente, jeux d’éclairage dignes d’un film noir… Le réalisateur mélomane imprime au récit le tempo de ces vieux standards de jazz (dont Whiplash) qui donnent tant de mal à Andrew. En quelques gros plans — la main d’un batteur truffée d’ampoules, une flaque de salive aux pieds d’un trompettiste —, il rend sensibles la souffrance et l’angoisse de ces jeunes musiciens qui, sous une façade harmonieuse, se livrent à une compétition acharnée. Dans ce combat sans merci, l’art de l’instrumentiste vire au sport de combat et la salle de concert au ring de boxe. Formellement maîtrisé, le film brille aussi par ses qualités d’écriture. Au fil d’un récit imprévisible jusqu’au twist final, les personnages se densifient, gagnent en complexité. Entre le jeune ambitieux et le prof castrateur, le face-à-face devient de plus en plus ambigu. A la fin du concert, un ultime et magistral morceau de bravoure devrait départager les spectateurs : d’un côté les humanistes, qui estimeront que le jeu n’en vaut pas la chandelle, de l’autre les esthètes, pour qui la beauté n’a pas de prix.

Le rôle de la moto au cinéma

Whiplash, diffusion du dimanche 07 janvier 2018 à 22h55

Ça saigne sur les cymbales ! Damien Chazelle orchestre avec brio la relation sadomaso entre un jeune batteur ambitieux et un prof tyrannique. Critique : Garder ses mains dans ses poches quand surgit le dernier plan de Whiplash, c'est comme assister à un concert de Stromae assis : mission impossible. Partout où il passe, Sundance, Cannes, Deauville, et même, fait rarissime, en projection de presse, ce film électrisant produit chaque fois l'effet d'un coup de fouet (whiplash, en anglais) vivifiant. Et provoque un irrépressible besoin d'applaudir... Sur le papier, l'histoire d'Andrew n'a rien d'euphorisant. Bien décidé à devenir le meilleur, ce jeune batteur d'un conservatoire de Manhattan réussit à intégrer un orchestre de jazz ultra prestigieux. Le hic : il est dirigé par le terrifiant Terence Fletcher, qui tient la perversité et l'humiliation pour des vertus pédagogiques (imaginez le Marquis de Sade à la tête d'un IUFM). Avec une virtuosité incroyable, Damien Chazelle fait de cette maigre intrigue un duel captivant où le jazz, musique jouissive, se fabrique dans la douleur, à grands jets de sueur et de sang. Mise en scène syncopée, tension permanente, jeux d'éclairage dignes d'un film noir... S'inspirant de sa propre expérience à la batterie, le réalisateur américain mélomane (son premier film rendait hommage aux musicals des années 1930) imprime au récit le tempo de ces vieux standards de jazz (dont Whiplash) qui donnent tant de mal à Andrew. En quelques gros plans — la main d'un batteur truffée d'ampoules, une flaque de salive aux pieds d'un trompettiste —, le réalisateur rend sensible la souffrance et l'angoisse de ces jeunes musiciens qui, sous une façade harmonieuse, se livrent à une compétition acharnée. Dans ce combat sans merci, l'art de l'instrumentiste vire au sport de combat et la salle de concert au ring de boxe. Avec les répliques de Fletcher, le bourreau des pupitres, en guise d'uppercuts : « Voyons si tu es là grâce à ton physique... », dit-il à une jolie tromboniste en lui faisant signe de jouer. Une seule note et le verdict tombe, cinglant : « La réponse est oui. » Formellement maîtrisé, le film brille, aussi, par ses qualités d'écriture. Au fil d'un récit qui ne cesse de se réinventer jusqu'au twist final, les personnages se densifient, gagnent en complexité. Entre le jeune ambitieux et le prof castrateur, le face-à-face devient de plus en plus ambigu. Andrew (excellent Miles Teller), d'abord pathétique et intrépide, se révèle arrogant, très mauvais camarade, prêt à toutes les bassesses pour devenir un grand. Quant à la cruauté de son mentor, interprété par J.K. Simmons, connu pour son rôle de sadique dans la série Oz, elle masque une âme tourmentée. Intimement persuadé que le génie ne peut naître que d'une réaction d'orgueil, Fletcher croit dur comme fer à la légende de Charlie Parker : le roi du be-bop serait devenu le « Bird » après avoir reçu, un soir où il avait mal joué, une cymbale et des moqueries en pleine tête. A la fin du concert, pardon, du film, un ultime et magistral morceau de bravoure devrait départager les spectateurs : d'un côté, les humanistes, qui estimeront que le jeu n'en vaut pas la chandelle, de l'autre, les esthètes, pour qui la beauté n'a pas de prix.— Mathilde Blottière   Sortie le 24 décembre.

Le rôle de la moto au cinéma

Whiplash, diffusion du dimanche 10 décembre 2017 à 20h55