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Le rôle de la moto au cinéma

Tschick, diffusion du vendredi 06 avril 2018 à 00h25

Maik, un garçon de 14 ans pas très populaire auprès de ses camarades, s'apprête à passer un été ennuyeux chez lui, avec sa mère alcoolique, pendant que son père, un promoteur immobilier, passera sans doute tout son temps «sur le terrain» avec sa secrétaire. C'est alors que Tschick, l'un des copains de classe de Maik, d'origine russe, lui propose une virée à deux. Maik accepte sans trop se poser de questions. A bord d'une vieille Lada volée, les deux adolescents s'engagent sur les routes de l'ancienne Allemagne de l'Est, où ils ne vont pas rester seuls bien longtemps. Maik s'apprête à passer le meilleur été de toute sa vie... Critique : Après The Cut (2014), fresque académique sur le génocide arménien, et avant In the fade (2017), pensum douteux sur le terrorisme, Fatih Akin se ressourçait avec un teen movie léger, inédit dans les salles françaises. Adapté d’un roman pour la jeunesse de Wolfgang Herrndorf, Tschick est le récit d’une virée automobile, durant les vacances d’été, par deux ados de 14 ans. Coïncidence, leur parcours renvoie, méta­phoriquement, à celui du cinéaste. Entre fin des cours et rentrée scolaire, les jeunes s’embarquent à bord d’un 4 × 4 Lada volé vers la Valachie, région de Roumanie qu’ils décrivent comme une contrée imaginaire. Entre deux projets besogneux taillés pour les festivals internationaux, Akin s’accorde une respiration. Ce voyage dans une Allemagne rurale et conservatrice, où l’un des personnages a des origines valaques, kalmouks, manouches et juives, rappelle ses beaux récits cosmopolites des années 2000 (Head-on, De l’autre côté). Le film distille une fraîcheur et une liberté devenues rares dans sa filmographie. Par de superbes plans-séquences, le réalisateur accompagne ses héros sur les chemins de traverse : ils coupent à travers champs et enjambent les barrières, conduisent sans permis et siphonnent les réservoirs. Jusqu’à la relecture, sur un mode adolescent, du morceau de bravoure de Sorcerer (William Friedkin, 1977) : le franchissement d’un pont en bois pourri, remarquable scène initiatique.