Diffusions passées:

Le rôle de la moto au cinéma

Tous au Larzac, diffusion du lundi 25 février 2019 à 01h15

Passionnant documentaire sur la lutte qui opposa, dix années durant, les militants et les paysans du Larzac à l'Etat, qui voulait installer une base militaire au beau milieu de leurs terres. Une très belle leçon d'engagement. Critique : Le Larzac, plateau rocailleux du Massif central, a bien failli se transformer en champ de manœuvres. En 1971, l’armée projetait d’en expulser les habitants pour agrandir le camp militaire local. Sans doute l’Etat tenait-il la petite centaine d’agriculteurs concernés pour quantité négligeable. Grave erreur… Quatre décennies plus tard, le cinéaste Christian Rouaud est revenu sur cette terre de résistance pour interroger le passé. Il bâtit son film sur les témoignages des « anciens ». A priori austère, cette forme se révèle au final particulièrement passionnante : le montage, serré, vif, forme une palpitante épopée. Chacun, avec sa gouaille, son émotion, fait surgir les images. Toute la France bouillonnante d’après 1968 est là, quand débarquent les renforts : maoïstes, hippies, objecteurs de conscience… Les insoumis du Larzac apprennent de chacune de ces vagues. La détermination le dispute à l’inventivité, toutes les formes d’action y passent, tant qu’elles sont non violentes. Manifestations en tracteur, occupations de fermes ou lâchers de moutons… Le laboratoire politique tourne à plein régime, alimenté par une indéfectible solidarité. En 1981, à peine élu, François Mitterrand a enterré le projet du camp militaire. Mais l’esprit rebelle, lui, reste bien vivant.

Le rôle de la moto au cinéma

Tous au Larzac, diffusion du lundi 11 février 2019 à 01h40

Le rôle de la moto au cinéma

Tous au Larzac, diffusion du mercredi 06 février 2019 à 00h30

Passionnant documentaire sur la lutte qui opposa, dix années durant, les militants et les paysans du Larzac à l'Etat, qui voulait installer une base militaire au beau milieu de leurs terres. Une très belle leçon d'engagement. Critique : Sur l'affiche du film, la brebis a un petit air goguenard. Crânement posé sur ses frisettes, le casque vert-de-gris a tout d'une facétieuse prise de guerre. Et pour cause, l'irréductible ovin règne toujours sur le Larzac. Petit flash-back, à l'usage des moins de 40 ans : le Larzac, plateau rocailleux au sud du Massif central, a bien failli se transformer en vaste champ de manoeu­vres pour bidasses. En 1971, l'armée projetait d'en expulser bergers et paysans pour agrandir - démesurément, de 3 000 à 17 000 hectares ! - le camp militaire local. Sans doute Michel Debré, alors ministre de la Défense de Georges Pompidou, tenait-il la petite centaine d'agriculteurs concernés pour quantité négligeable. Grave erreur. Le reste, dix ans de luttes opiniâtres et joyeuses contre plusieurs gouvernements successifs, appartient à l'histoire sociale et politique de notre pays. Le cinéaste Christian Rouaud est revenu, tant d'années après, sur cette terre de résistance, pour interroger le passé à sa manière. Comme dans Les Lip, l'imagination au pouvoir, en 2007, son excellent documentaire sur une autre lutte de la même époque, il bâtit son film sur les témoignages des « anciens ». Leurs visages se succèdent, face caméra. A priori austère, cette forme se révèle passionnante : le montage, serré, vif, suit la chronologie des événements et les souvenirs se répondent du tac au tac pour former une véritable et palpitante épopée sociale. Dès l'évocation de la naissance du collectif, cette poignée de paysans d'origine (« pur porc » comme dit malicieusement l'un d'entre eux), on se laisse captiver. Chacun avec sa gouaille, son émotion, fait surgir les images. On croit presque voir émerger de la brume ces milliers de sacs de couchage jaunes et bleus dont parle le pudique Michel Courtin. La scène se passe pendant l'un des grands rassemblements de 1973. Le plateau aride s'est transformé en « Woodstock français », com­me dit José Bové, le plus illustre des compagnons du Larzac. La lutte a fait tache d'huile. L'histoire se confond, alors, avec celle de toute la France bouillonnante d'après 1968 : un brin défrisés, mais ravis, les autochtones, à l'origine plutôt conservateurs et catholiques, voient débarquer à jets continus des renforts de tous poils : maoïstes qui travaillent gratuitement dans les fermes, hippies vaguement nudistes, illuminés prônant le jeûne, objecteurs de conscience, comme Christian Roqueirol, qui, depuis, s'est installé là. Les insoumis néophytes du Larzac apprennent de chacune de ces vagues. Entre ferveur collective et grand barnum, ils affinent leurs méthodes d'opposition. La détermination le dispute à l'inventivité : pour que cèdent l'armée et le gouvernement, toutes les formes d'action y passent, tant qu'elles sont non violentes. Manifestations en tracteur, occupations de ferme au nez et à la barbe des soldats ou moutons lâchés sur le Champ-de-Mars, à Paris... Le laboratoire politique tourne à plein régime. Dans cette guerre d'idées et de territoire, les autorités semblent avoir toujours un temps de retard, puissants mais balourds comme les légionnaires d'Astérix. Dans leur lutte contre Goliath, les David du Larzac ont un atout majeur : leur indéfectible solidarité. Aucune tentative de division (négociations séparées pour racheter les fermes, par exemple) ou d'intimidation ne semble les avoir atteints. Le film ne cache ni les tensions ni l'usure de la lutte. Mais il reste une vivifiante leçon d'espérance, comme celle que donne Marizette, la veuve de Guy Tarlier, l'un des « leaders » : toujours digne, forte et rieuse. Les trublions du Larzac ont gagné leur guerre contre l'armée en 1981 : à peine élu, François Mitterrand a enterré le projet du camp militaire. Mais l'esprit rebelle, lui, reste bien vivant : création de la Confédération paysanne, lutte contre les OGM, altermondialisme... Les moutons ne sont pas près de rentrer dans le troupeau.