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Tokyo Girls, Les pop girls du Japon, diffusion du vendredi 07 septembre 2018 à 22h25

Au Japon, les girls bands suscitent de véritables passions auprès de la jeunesse. La proximité entre ces très jeunes chanteuses et leurs innombrables admirateurs provoque parfois des effets désastreux. Maintenir une certaine distance sans susciter de vexation ou de jalousie est un art difficile pour elles. Les fans se rendent massivement à tous leurs concerts. Ils affectionnent tout particulièrement les «rencontres poignée de mains», car ce geste était autrefois sexuellement connoté dans la culture nippone. Ces jeunes idoles sont suivies sans relâche sur les réseaux sociaux. Leur succès pose la question d'une quasi impossibilité pour les deux sexes de communiquer posément. Dans une société japonaise ultramoderne, l'essor grandissant des relations virtuelles s'avère préoccupant. Critique : Au Japon, les « idols », starlettes pop, déchaînent des foules d’hommes parfois trois fois plus âgés qu’elles. Espérant devenir mannequins ou chanteuses, ces jeunes femmes pépient des chansons niaises sur des chorégraphies de girls bands avant d’enchaîner les séances de dédicaces et de serrement de mains (un geste à connotation sexuelle au Japon, nous explique-t-on). Plusieurs fans, qui consacrent tout leur temps à leurs favorites et dépensent leur salaire en produits dérivés, se confient, expliquant ce qu’ils trouvent dans ce show-business douteux et régressif : de la réussite par procuration, une passion platonique venue combler un vide, une relation virtuelle et dépourvue de contraintes avec la gent féminine… Le phénomène, loin d’être anecdotique (1 milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel), fascine autant qu’il met mal à l’aise. Il dérange carrément quand sont présentées en coup de vent des « idols » âgées de 10 ans. Le malaise grandit à mesure que les questions naissent, et restent sans réponse. Kyoko Miyake explore surtout la nature du lien existant entre quelques starlettes et leurs fans dans des relations apparemment maîtrisées. Nulle mention de ­dérives, ni de la part de leurs employeurs, ni d’éventuels adulateurs fanatiques. Questionnée sur sa vie privée, Rio, 19 ans, fond en larmes, évoquant ses échecs et la nécessité de travailler toujours plus. Nous n’en saurons pas plus. Difficile toutefois de ne pas s’interroger sur les contrats qui lient ces jeunes filles à leurs producteurs, ou sur les effets de la compétition qui règne entre elles. Et lorsque Rio raconte avoir été repérée à 16 ans dans le quartier ­tokyoïte d’Akihabara, haut lieu des rendez-vous entre hommes adultes et lycéennes, on se demande quel lien peut exister entre ce marché et celui des « idols »…