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Le rôle de la moto au cinéma

Tishe !, diffusion du dimanche 16 avril 2017 à 03h15

Tourné à Saint-Pétersbourg, ce film est un pari fou. Se servant d'une caméra miniature, le cinéaste Victor Kossakovsky a choisi d'observer, de sa fenêtre, le cours changeant des choses et du temps. Auteur de plusieurs films remarqués, il capte ici la ronde des passants, restitue les atmosphères poétiques ou prosaïques, des événements drolatiques ou énigmatiques. Hommage lointain à la toute première photographie de l'histoire humaine, prise par Nicéphore Niepce d'une fenêtre de Saône et Loire. -- Critique : En russe, tishe signifie « chut, plus doucement », et ce n'est qu'au terme de ce film magnifique que l'on comprend son intitulé. Pendant des mois, si l'on en juge par le déroulement des saisons, Victor Kossakovsky a planté sa caméra derrière une fenêtre pour filmer la rue en bas de chez lui, à Saint-Pétersbourg. Réaliser un documentaire sur le rien (qui est parfois beaucoup) du quotidien est un sacré pari. C'est une question de regard — et celui de Kossakovsky est beau, drôle, intelligent, sensible, critique (tout ça à la fois). C'est aussi une question de hasard — et le Russe a été bien servi. Car sous ses yeux et sa caméra s'est joué un feuilleton digne du plus grand burlesque, un feuilleton que même dans ses pires cauchemars un responsable de l'entretien des voiries n'oserait imaginer. Le comique de répétition tout en délicatesse qu'insuffle dans son montage le réalisateur est irrésistible. Pour souligner son propos, Victor Kossakovsky utilise, au gré de son inspiration, quelques artifices : il accélère l'image, joue avec le son et les voix, colle une musique inspirée du piano et des différents thèmes traités au temps où le cinéma ne parlait pas. Et son film parle beaucoup. Il dit les absurdités d'une société, le bonheur et l'ivresse des amoureux, la poésie d'une nuit de pluie. — Cécile Maveyraud