Diffusions passées:

Le rôle de la moto au cinéma

The Descendants, diffusion du mardi 06 février 2018 à 23h00

George Clooney est le premier atout de ce petit mélo savamment troussé : il y est un mari sommé de jouer son rôle de père (de deux filles compliquées !) après l'accident grave qu'a subi sa femme. Critique : George Clooney est de ces acteurs dont la personnalité ne cesse d'affleurer sous le personnage qu'ils incarnent. Il est aussi de ceux qui allient l'ultraglamour hollywoodien et la proximité autorisant l'empathie : c'est une star, une vraie, mais aussi un vieux compagnon sur l'épaule de qui l'on peut ­familièrement taper. Combien de cafés (en capsules) n'avons-nous pas pris avec lui ? Tout en saluant le mérite d'Alexander Payne, son goût des personnages complexes, son usage de l'ironie comme une pudeur (tout cela révélé par Monsieur Schmidt et, surtout, Sideways), il faut bien reconnaître que c'est la présence de George Clooney qui fait office de signature du film. The Descendants, c'est lui. Non pas George (dites « Djooorge », en traînant sur le « o ») ; le super beau gosse bien sapé des Ocean's 11 (et 12 et 13) ; mais plutôt un George du quotidien, vaguement ridicule, essayant de reprendre le contrôle d'événements qui le dépassent. Il est un avocat vivant à Hawaï, dont la femme vient d'avoir un grave accident de bateau : elle est dans le coma, rien ne dit qu'elle survivra. Comment gérer la douleur ? Que peut dire le père éloigné par son travail à leurs deux filles de 10 et 17 ans, presque des étrangères ? Période dramatique, mais on est à Hawaï, montré comme « l'outre-mer » des Etats-Unis, ambiance néo-coloniale, et, surtout, short et chemise à fleurs. Voilà le ridicule : un type dont le look ne correspond pas à la gravité de l'heure. George Clooney exagère juste ce qu'il faut sa ­démarche (une scène de course, poings serrés, est un bon moment de comédie), sa coiffure (le cheveu gris un peu trop long, un peu trop bouffant), son habillement (un affreux pantalon taille haute, des chemises à motif cachemire qu'on ne mettrait plus à la ville). Il exagère, aussi, son inadaptation au monde qui l'entoure : les manies de pré-ado de sa plus jeune fille, les écarts (de conduite et de langage) de l'aînée le sidèrent plus que nous. Pour un peu, c'est lui qui semblerait sorti d'un long coma. Voici l'enjeu du récit : la reconstruction d'un édifice familial, à quatre, ou à trois... La structure topographique de Hawaï fournit la métaphore d'une famille-archipel, dont il s'agit de rapprocher les individus-îles. Ça se fait souvent dans la cham-­bre d'hôpital, drôle de décor que le cinéaste traite de façon ultra réaliste, sans pathos inutile - comment une mère muette et « surtuyautée » devient le ciment qui manquait à sa famille. Et plus encore lors d'une étrange opération commando : Clooney a découvert que sa femme le trompait, était prête à le quitter. Le voilà qui emmène ses filles à la recherche de l'amant, ennemi et compagnon d'infortune (lui aussi perd la femme qu'il aimait). C'est une irrésistible équipée, qui doit beaucoup à la qualité des dialogues et à l'épaisseur des personnages. S'y révèle le caractère trempé de la fille aînée, à l'origine présentée comme une simple bécasse. Il faut révéler que le personnage de Clooney est un peu plus que ce qu'on a dit : avocat, mais aussi riche « béké » - comme on dit aux Antilles des descendants des premiers colons -, il doit bientôt statuer sur le sort d'une vaste terre héritée de ses ancêtres, et partagée entre de nombreux cousins. C'est le sens du titre du film, et son message, un peu grandiloquent : comprendre qu'on est une famille, c'est aussi se vivre en tant que rejeton d'une lignée. Certes... On peut aussi lire plus simplement le geste final du héros : une décision par laquelle, tardivement, George Clooney joue un tour de cochon à l'amant de sa femme. Enfin ! On a presque envie de le féliciter de s'être ainsi réveillé.

Le rôle de la moto au cinéma

The Descendants, diffusion du mardi 30 janvier 2018 à 21h00