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Tanguy, diffusion du dimanche 06 mai 2018 à 22h45

Tanguy, presque 30 balais, habite encore chez papa et maman, qui n'ont qu'une idée : le mettre à la porte ! Par tous les moyens. Azéma et Dussollier disjonctent en beauté, mais le film, pas assez. Critique : Film d'Etienne Chatiliez (France, 2001). Scénario : Laurent Chouchan, E. Chatiliez, d'après une idée de Yolande Zauberman. Image : Philippe Welt. 115 mn. Avec Eric Berger : Tanguy. Sabine Azéma : Edith. André Dussollier : Paul. Genre : comédie d'époque. Un dadais de 28 ans tape l'incruste chez papa-maman. Il a longtemps fait la fierté de ses parents, mais il occupe l'appartement familial avec une désinvolture qui devient problématique. Comment se débarrasser de Tanguy ? Manipulée par Chatiliez, cette question devient le détonateur d'une véritable débâcle affective. Le pétage de plombs de Paul et Edith, ce couple de quinquas « arrivés », relève du plus savoureux des cas d'école (Azéma et Dussollier le jouent avec une drôlerie étincelante). Et le cinéaste se régale. A coups de détails qui percutent la prétendue ouverture d'esprit familiale, il ausculte les dérapages de son trio avec un humour qui a failli être féroce. Chatiliez démine, en effet, le terrain par des apartés rigolos, histoire de ne pas dépasser les bornes d'une satire de bon ton. Comme s'il disait in extremis : « C'était pour rire. » Tanguy prouve que Chatiliez possède un des plus beaux potentiels comiques du cinéma français. Mais on attend encore le film où il osera lâcher pour de bon la bride à son très tonique mauvais esprit.

Tanguy, diffusion du mardi 10 avril 2018 à 21h00

Tanguy, presque 30 balais, habite encore chez papa et maman, qui n'ont qu'une idée : le mettre à la porte ! Par tous les moyens. Azéma et Dussollier disjonctent en beauté, mais le film, pas assez. Critique : Quatre films en douze ans, c'est peu. Mais à tous les coups, il gagne, Chatiliez : gros succès à répétition pour ses comédies aux couleurs du temps, de La vie est un long fleuve tranquille au Bonheur est dans le pré, en passant par Tatie Danielle. Il n'a pas vraiment de recette, plutôt une curiosité féconde pour les us et coutumes plus ou moins tordus de ses contemporains. Pour une normalité qui, soudain, dérape. Pour des situations sérieuses qu'il s'empresse de ne pas trop prendre au sérieux mais qu'il désosse avec une aimable ironie. Tanguy, son nouveau film d'époque (la nôtre), est spécialement bien armé pour faire un malheur... Au départ, une situation toute simple, pointée par les sociologues : aujourd'hui, un enfant devenu adulte a tendance à s'incruster chez papa-maman. Tanguy est un dadais à lunettes de 28 ans sonnés. Il fait de brillantes mais interminables études (après une moisson de diplômes très haut de gamme, il espère décrocher maintenant une maîtrise de chinois...). Ce type cultivé et cool, charmant, fin, a longtemps fait le bonheur et la fierté de ses parents, Edith et Paul, mais son omniprésence un brin désinvolte dans l'appartement familial commence à devenir un problème. Un gros problème. Et sous peu, un énorme problème... Comment se débarrasser de Tanguy ? Une question toute bête comme celle-là, Chatiliez s'est amusé à imaginer à quelles extrémités elle peut mener des gens a priori aussi équilibrés et intelligents que Paul et Edith. Comme toujours, le réalisateur met un soin particulier à décrire le milieu où il va s'immiscer, avec un goût du détail qui percute de plein fouet l'apparente harmonie quotidienne. La fébrilité d'Edith, la décontraction de façade de Paul, sont disséquées avec une acuité qui fait mouche. Chez ces quinquagénaires « arrivés », on se flatte d'avoir une ouverture d'esprit à toute épreuve. Sauf que l'épreuve en question va les faire complètement disjoncter. Ils vont se révéler capables de tout. Et c'est dans ce « tout », bien entendu, que se niche la comédie. C'est ce « tout est possible » et les pires subterfuges sont envisagés... qui achemine peu à peu le film vers une méchanceté appétissante. Entre une mère de plus en plus hagarde face à la résistance passive de son envahissant rejeton et un père qui vire fou furieux, on ne sait lequel des deux Chatiliez s'est le plus appliqué à déglinguer. Ce qui est sûr, c'est que la prestation de Sabine Azéma et d'André Dussollier est d'une drôlerie étincelante quand ils larguent toutes les amarres. Si Chatiliez avait poussé la situation dans ses développements ultimes et logiques , c'est à l'implosion, pas forcément triste, de cette famille de plus en plus perturbée qu'on aurait dû assister. Mais, comme dans ses précédents films, il s'emploie à déminer le terrain par des apartés rigolos de pure convention, à ne jamais dépasser les bornes, en fait, d'une satire bien élevée. Arrivé au bord du gouffre l'entêtement des parents a tout de même conduit le fils à l'hosto... , il fera machine arrière, adoucissant le trait pour une réconciliation finale plutôt décevante. Comme si, saisi d'un remords, il disait in extremis de ce qui a précédé : « C'était pour rire. » Excès d'habileté, disons, chez un cinéaste qui montre tout de même aujourd'hui, avec ce Tanguy, qu'il possède un des plus beaux potentiels comiques du cinéma français. On attend avec curiosité les ravages qu'il fera le jour où il lâchera pour de bon la bride à son mauvais esprit... - Jean-Claude Loiseau