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Le rôle de la moto au cinéma

Sous le soleil de Satan, diffusion du samedi 04 août 2018 à 02h00

Du livre de Bernanos, Pialat tire une tragédie sourde sur le combat entre le doute et la foi dans une campagne écrasée de silence. Ici, la grâce se trouve dans la grisaille. Critique : | Genre : drame religieux. Après avoir affronté Satan sous les traits d’un maquignon, l’abbé Donissan rencontre Mouchette, une meurtrière. Maurice Pialat manie la foudre comme personne. C’est dire si son film, âpre et austère, parle de Dieu et d’absolu aux antipodes de toute image sulpicienne. Au commencement, il y a le livre de Georges Bernanos, roman lucide et mystique, sur la solitude de la foi, quête mystérieuse et brutale. On a reproché au cinéaste de s’être trahi, d’avoir abandonné son réalisme en transposant ce chef-d’œuvre avec trop d’application. Cette pesanteur, au contraire, qui écrase les êtres et les paysages, permet à Pialat d’instiller une violence plus sourde, mais aussi dévastatrice, que dans le reste de ses films. La campagne du Nord se transforme en chaos de glèbe et de chaux, en univers silencieux où s’affrontent le bien et le mal, la foi et le doute. La torpeur fantastique se déchire parfois comme une lourde tenture, laissant entrevoir la figure tragique de Mouchette (sublime Bonnaire), vouée à la damnation. Depardieu incarne un abbé éperdu et fruste, comme encombré de Dieu. Humblement, il se drape d’ombre, et suggère cet étonnant paradoxe : c’est dans la grisaille du monde que peut éclore la grâce, loin du soleil trompeur de Satan.

Le rôle de la moto au cinéma

Sous le soleil de Satan, diffusion du mercredi 11 juillet 2018 à 20h55

Du livre de Bernanos, Pialat tire une tragédie sourde sur le combat entre le doute et la foi dans une campagne écrasée de silence. Ici, la grâce se trouve dans la grisaille. Critique : | Genre : drame religieux. Après avoir affronté Satan sous les traits d'un maquignon, l'abbé Donissan rencontre Mouchette, une meurtrière. Maurice Pialat manie la foudre comme personne. C'est dire si son film, âpre et austère, parle de Dieu et d'absolu aux antipodes de toute image sulpicienne. Au commencement, il y a le livre de Georges Bernanos, roman lucide et mystique, sur la solitude de la foi, quête claire-obscure et brutale. On a reproché au cinéaste de s'être ­trahi, d'avoir abandonné son réalisme en transposant ce chef-d'oeuvre avec trop d'application. Cette pesanteur, au contraire, qui écrase les êtres et les paysages, permet à Pialat d'instiller une violence plus sourde mais aussi dévastatrice que dans le reste de ses films. La campagne du Nord se transforme en chaos de glèbe et de chaux, en univers silencieux où s'affrontent le bien et le mal, la foi et le doute. La torpeur fantastique se déchire parfois comme une lourde tenture, laissant entrevoir la figure tragique de Mouchette (sublime Bonnaire), vouée à la damnation. Depardieu incarne un abbé éperdu et fruste, comme encombré de Dieu. Humblement, il se drape d'ombre, et suggère cet étonnant paradoxe : c'est dans la grisaille du monde que peut éclore la grâce, loin du soleil trompeur de Satan. — Cécile Mury