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Le rôle de la moto au cinéma

Sleepless in New York, diffusion du samedi 01 septembre 2018 à 00h55

Epaulés par l'anthropologue Helen Fisher, trois individus meurtris par une rupture amoureuse livrent une part de leur intimité dans la nuit new-yorkaise. Entre insomnies, rage, manque et lutte perpétuelle contre leurs propres pulsions, ils dessinent un large éventail de réactions humaines face aux peines du coeur. Un triste constat s'établit : l'addiction amoureuse sollicite les mêmes régions du cerveau que celles de la dépendance à l'héroïne. Nourri de recherches sur l'étonnante physiologie des blessures de l'amour, Christian Frei raconte ici des histoires bouleversantes à la résonnance universelle. Critique : « Vous venez d'être quitté et vous n'arrivez pas à lâcher prise ? Contactez-moi. » C'est en partant de ce tract que le réalisateur suisse Christian Frei a commencé ses ­recherches dans les rues de New York. Sa démarche a de quoi surprendre. Car si le chagrin d'amour a inspiré bien des fictions, il n'a jamais été l'objet d'un documentaire. Sujet d'autant plus intéressant qu'il est universel : personne n'échappe à la douleur post-rupture. Revers de la médaille : le documentaire s'enlise dans le pathos. Avec un sujet pareil, difficile de ne pas se complaire dans la déprime et les larmoiements. Et voir sangloter des New-Yorkais au coeur brisé (en plus d'être plombant) n'a pas grand intérêt... Les analyses scientifiques (trop rares), développées par l'anthropologue Helen Fisher, sont beaucoup plus enrichissantes. Saviez-vous que le chagrin d'amour est une douleur physique, et pas uniquement émotionnelle, comparable à une rage de dent ? Et que l'addiction amoureuse sollicite les mêmes régions du cerveau que celles de la dépendance à l'héroïne ? Ces analyses sont d'autant plus savoureuses lorsque l'anthropologue se poste dans un bar pour célibataires : « La femme adopte un regard en retrait, comme un opossum. S'il la touche aussi, ils passeront sûrement à la phase 4, la synchronie corporelle. » Une parenthèse rigolote qui vient détendre l'atmosphère pesante de ces déprimes amoureuses. — Alice Rosenthal   Dans le cadre du Festival du documentaire d'Arte.