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Série noire, diffusion du lundi 05 mars 2018 à 20h50
Un représentant de commerce minable commet un crime sordide. Halluciné, Corneau filme un cauchemar poisseux et absurde, jalonné de scènes extravagantes. Imprévisible et fougueux, Dewaere crève l'écran aux côtés de Marie Trintignant, l'innocence souillée. Critique : Film d'Alain Corneau (France, 1979). Scénario : Georges Perec et A. Corneau, d'après Jim Thompson. Image : Pierre-William Glenn. Musique : Duke Ellington, Juan Tizol. 115 mn. Avec Patrick Dewaere : Franck Poupart. Marie Trintignant : Mona. Myriam Boyer : Jeanne. Bernard Blier : Staplin. Jeanne Herviale : la tante. Genre : polar cafardeux. Dans le genre déprimant, Série noire se pose là, avec une sacrée force expressive. On y retrouve la trajectoire de vie typique des romans de Jim Thompson, maître américain du polar : celle de gens ordinaires, losers frustrés, qui précipitent leur destin malheureux en voulant l'infléchir. Fidèle à l'esprit de l'auteur, Alain Corneau et Georges Perec (si, si, le grand Perec) ont adapté son livre en le transposant dans l'univers sinistre de la banlieue parisienne. Un no man's land dans lequel se débat Poupart, démarcheur minable, paumé mythomane multipliant les faux pas, incapable d'arrêter la machine infernale qu'il a mise en branle. L'oeil documentaire et halluciné à la fois, Corneau filme sa mésaventure comme un ballet au bord du précipice. Un cauchemar poisseux jalonné de scènes extravagantes et peuplé d'une faune de personnages qui semblent tout droit sortis de chez Céline. Ecorché imprévisible, spectateur amer de son propre numéro, Dewaere crève l'écran en se donnant à fond dans un rôle qui lui collera longtemps à la peau et qui contribuera à la création de son mythe. Autre chose : on tient sans doute là le meilleur film de Corneau. Jacques Morice
