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Rio Bravo, diffusion du lundi 24 décembre 2018 à 13h50

Un western de chambre, comme on le dit de la musique. L'action, magnifiquement différée, repousse le règlement de compte final et offre aux personnages l'occasion de boire, de discuter ou de chanter. Chef-d'œuvre absolu. Critique : | Genre : c'est ainsi que les hommes tiennent. Il faut revoir ce western de légende et faire comme si de rien n'était, comme si le mot « chef-d'oeuvre » n'avait jamais été prononcé. La scène d'ouverture d'abord : mutique, tendue mais avec des gestes presque lents, où tout est dit de la violence de l'Ouest, de l'alcoolisme de Dean Martin, l'adjoint de John Wayne, le shérif qui veut croire (comme Howard Hawks) au courage des hommes, sans soupçonner encore celui d'une femme amoureuse. Aidé par « un ivrogne et un infirme », mais aussi par un jeune homme moins individualiste que prévu, et veillé par une joueuse de cartes, cette carcasse étoilée qui ne veut surtout pas qu'on l'aide gardera en prison un assassin, envers et contre toutes les attaques et les pièges. Pourquoi ? Pour la morale et l'amitié, valeurs sans lesquelles le monde s'écroulerait. Dans ce western, personne ne cavale. Tout le monde marche au rythme pataud du grand John : cela donne le temps de parler (et même de chanter) entre hommes, de rendre sa fierté à Dean Martin, d'écouter les rouspétances de Walter Brennan, le bougon le plus drôle de l'histoire du western, et de regarder Angie Dickinson. Dans son chemisier jaune, bavarde et bravache, elle dompte John Wayne, comme Bacall subjuguait Bogart quinze ans auparavant, déjà devant la caméra de Hawks. Le film se termine par un collant noir jeté par la fenêtre et un vieux cow-boy qui s'en fait une écharpe. Toute l'humanité (et la féminité) du monde est à Rio Bravo. — Guillemette Odicino