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Quand la France occupait l’Allemagne, diffusion du vendredi 12 octobre 2018 à 01h45

En 1945 commence pour l'Allemagne une longue période d'occupation par les armées alliées. La France dispose de sa propre zone, en Rhénanie et dans le Bade-Wurtemberg, un territoire plutôt rural qui compte six millions d'habitants. Plusieurs milliers de fonctionnaires français chargés d'organiser l'occupation s'installent. Parmi eux, Edgar Morin, jeune résistant démobilisé qui a repris du service, est chargé du service d'information. Pour faire face aux Soviétiques et se préserver des ambitions dominatrices de l'Allemagne, De Gaulle n'a qu'une seule solution : insérer l'Allemagne reconstruite dans un nouvel ensemble européen. Le processus de dénazification en pâtit. Malgré quelques procès pour l'exemple, de nombreux dignitaires du régime sont blanchis. Même Leni Riefenstahl, cinéaste personnelle d'Hitler, échappe à toute condamnation. Critique : Dans la longue histoire du couple franco-allemand, ce chapitre-là n'est sans doute pas le plus connu. La géographie a introduit le surnom piquant de « soutien-gorge français ». Deux bonnets triangulaires, c'est en effet la forme de la zone d'occupation dont hérite Paris à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, de l'autre côté du Rhin. Etonnant retournement de l'histoire qui voit les Français s'installer dans un pays dont ils viennent de subir le joug, pendant les longues années de l'Occupation. De 1945 à 1949, militaires mais aussi fonctionnaires venus de France vont ainsi régir le quotidien de six millions d'Allemands aux prises avec le chaos de l'après-guerre, les privations alimentaires et des repères politiques à rebâtir. Entre hoquets de la dénazification et tentative de reconstruction de la société en profondeur, ce sont quelques pages contrastées de cette « Allemagne année zéro » que retrace Tania Rakhmanova, récit nourri d'images d'archives d'une grande richesse. Parmi les témoins de cette époque, le sociologue Edgar Morin, responsable de l'information de la zone d'occupation française, qui tente d'ausculter « l'état mental d'un pays sans tête, hagard ». Un moment singulier dans l'histoire de l'Allemagne où il s'agit autant de faire prendre conscience à la population de l'horreur des crimes nazis que de contribuer à la formation des esprits en ouvrant des universités, en refondant les programmes scolaires. Pour mieux jeter les bases d'une paix durable. — Virginie Félix