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Quai des Orfèvres, diffusion du jeudi 30 novembre 2017 à 13h35

Clouzot parle de toutes les amours (même saphiques). L'inspecteur Antoine sait que les sentiments poussent au crime et excusent aussi ceux qui les commettent. Orfèvrerie noire et tendre. Critique : Film d'Henri-Georges Clouzot (France, 1947). Scénario : H.-G. Clouzot et Jean Ferry, d'après Stanislas-André Steeman. Image : Armand Thirard. Musique : Francis Lopez. 110 mn. NB. Avec Louis Jouvet : inspecteur Antoine. Suzy Delair : Jenny Lamour. Bernard Blier : Maurice. Simone Renant : Dora. Genre : maîtrise en licence. « Rien n'est sale quand on s'aime », fera dire Clouzot à l'un de ses personnages dans Manon. Dans Quai des Orfèvres, déjà, tout poisse, s'encrasse, sauf l'amour, qu'il soit filial, conjugal ou... lesbien. Car il n'y a pas que Brignon le vieux cochon qui soit assassiné dans ce film policier parfait à un éclairage et à un second rôle près. Pendant qu'on s'interroge sur l'identité du coupable, Clouzot trucide tranquillement la censure. Il faut entendre l'inspecteur Antoine dire à Dora, la blonde cérébrale : « Vous êtes un type dans mon genre. Avec les femmes, vous n'aurez jamais de chance... » Car si Dora veille sur Jenny Lamour, la Mimi Pinson ambitieuse, et sur son mari Maurice, ce n'est pas par tendresse pour ce brave type torturé par la jalousie. Et si l'énigme offre autant de fausses pistes et de faux témoignages, c'est parce que chacun, si veule qu'il puisse paraître, est prêt à se sacrifier pour l'être aimé. Orfèvrerie blafarde, peinture incomparable des petites gens de cabaret, Quai des Orfèvres est aussi un tableau de moeurs d'une grande tendresse cafardeuse, car le coeur a ses raisons que la morale et la loi, hélas, ignorent. Quand la loi l'emporte, Clouzot charge un chauffeur de taxi de l'en excuser : « Je vous fais bien mes excuses, mais on n'est pas les plus forts. »