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Puberté, la métamorphose, diffusion du dimanche 13 mai 2018 à 01h35
Insolente, mal élevée, paresseuse ou tyrannique : depuis des millénaires, on ne cesse de vilipender la jeunesse. La puberté, étape obligée et cruciale du développement humain, métamorphose invariablement les enfants en créatures boutonneuses, lunatiques et rebelles. Pendant cette période charnière, le cerveau se transforme en immense chantier. Alors que de nouvelles connexions neuronales s'établissent, le lobe préfrontal, responsable du contrôle des émotions, est difficilement accessible. Résultat, l'apathie peut brutalement laisser place à des crises de larmes ou de colère, et la joie céder au désespoir. Le corps change aussi de manière spectaculaire, sous l'effet d'un cocktail explosif d'hormones. Critique : Il est insolent, vit les yeux braqués sur son portable, pique une crise à la moindre contrariété... Avec ce florilège de clichés arrimé à ses baskets, l'adolescent méritait bien les lumières de ce film dédié à la période cruciale du passage de l'enfance à l'âge adulte. Fini le mollusque lunatique qui vrille les nerfs de ses parents. Place à la « créature fascinante » avide d'expériences et de sensations fortes. Spectaculaire mutation, la puberté est décryptée sous l'angle scientifique, grâce à des chercheurs exposant leurs découvertes. Les sautes d'humeur, la propension à prendre des risques ou à vivre la nuit trouvent leur origine au sein du vaste chantier qu'est le cerveau adolescent. L'immaturité du cortex préfrontal explique, par exemple, la difficulté à contrôler ses émotions... Autre grande zone en travaux : le corps, transformé par les poussées de croissance et la maturation sexuelle. Sous l'effet d'un puissant cocktail hormonal, l'adolescent se met en quête d'« amour romantique », « une pulsion aussi incontrôlable que la faim », selon une neurobiologiste. Rythmée et instructive bien que succincte sur certains aspects, cette approche de l'ado façon « animal de laboratoire » souligne la fabuleuse singularité de cette période de la vie, entre considérations générales et scénarios catastrophes (les addictions, la dépression...). Sans oublier néanmoins de positiver : les jeunes, rappelle le documentaire, bouillonnent de créativité et d'intelligence. Et, qu'on se rassure, les heures passées sur les réseaux sociaux n'y changent rien. — Isabelle Poitte