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Prédire les crimes, diffusion du jeudi 18 octobre 2018 à 09h25

En 1956, dans sa nouvelle «Minority Report», portée à l'écran par Steven Spielberg, Philip K Dick l'imaginait déjà. Sept décennies plus tard, un logiciel capable de prédire le lieu et l'instant où un individu s'apprêtera à commettre un délit ne relève plus de la science-fiction. Dans certaines villes comme Chicago, Londres ou Munich, ces programmes sont en effet devenus réalité. Accompagnant l'évolution des sociétés modernes vers le tout-sécuritaire, la police expérimente de plus en plus ces nouveaux outils technologiques. Grâce à un algorithme capable d'analyser l'énorme masse de données personnelles que nous produisons et laissons en permanence sur le numérique, ces logiciels spécialisés peuvent en effet établir des listes d'individus susceptibles d'être mêlés à des actes répréhensibles. Critique : De la science-fiction, les systèmes capables de prédire le lieu et le moment où un individu passera à l’acte et commettra un délit ou un crime ? Plus vraiment. De Chicago à Munich, en passant par Londres, les services de police s’équipent, depuis quelques années, de logiciels (dont le plus connu s’appelle PredPol) qui seraient en mesure de prévoir un acte délictueux avant qu’il n’arrive. A Chicago, par exemple, les algorithmes ont dressé la liste des quatre cents noms susceptibles d’être ceux d’auteurs et de victimes de violence. En Grande-­Bretagne, la police du Kent utilise, elle aussi, ce type de matériel pour mettre en place une « stratégie de patrouilles ». Comment, dans nos sociétés obsédées par l’ultra-sécurité, ces outils sont-ils con­çus ? Sur quel modèle et avec quelles données ? Quid de l’utilisation des traces numériques que nous laissons sur les réseaux sociaux ou en nous connectant à Internet ? Face caméra, ingénieurs et sociologues, spécialistes de la « police prédictive » (dont le Français Bilel Benbouzid, universitaire et auteur d’une thèse sur la prévention ­situationnelle), analysent les technologies et les quadrillages mis en œuvre. Certains, étonnamment, s’inspirent des algorithmes de la sismologie : s’il y a eu un séisme à tel endroit, il y a de fortes probabilités qu’il s’en produise un à nouveau. Même chose pour les cambriolages, la criminalité… dans des « zones de récidive » (near repeat prediction). Malgré une réalisation peu élaborée, le film met en lumière les interrogations éthiques et morales qui surgissent au fil des témoignages, et les risques d’erreur des ordinateurs dans ce qui n’est en aucun cas une science exacte. Glaçant.