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Le rôle de la moto au cinéma

Permis de tuer ?, diffusion du jeudi 14 mars 2019 à 00h00

Les faits divers impliquant de simples citoyens se faisant eux-mêmes justice se multiplient. Entre la légitime défense et l'autodéfense, la frontière est aussi fine que complexe. Victime ou bourreau ? Légitime défense ou homicide volontaire ? Ce sont les questions auxquelles devront répondre les jurés de la Cour d'assise d'Albi, qui vont juger Luc Fournié, buraliste, accusé du meurtre de Jonathan Lavignasse, alors que ce jeune homme de 17 ans pénétrait par effraction dans son commerce pour le voler. Ce procès d'envergure, significatif, permet d'interroger un phénomène qui met en jeu l'équilibre social. Critique : Lavaur, petite ville du Tarn en apparence paisible. Craignant un cambriolage, un buraliste campe dans son magasin par une nuit de décembre 2009. Lorsque deux adolescents entrent par effraction, l'homme tire avec son fusil de chasse. L'un des garçons meurt, le second parvient à s'échapper. Six ans plus tard, le commerçant attend son procès à la cour d'assises d'Albi. Il comparaît libre pour meurtre. Son avocat entend plaider la légitime défense. La réalisatrice Agnès Pizzini donne la parole aux acteurs de l'affaire ainsi qu'aux anonymes. Dans cette commune de dix mille habitants, beaucoup se connaissent et chacun y va de son commentaire. Les avis mesurés sont rares. Il y a ceux (nombreux !) qui soutiennent le cafetier et ceux qui défendent la famille de Jonathan, l'adolescent abattu. Les arguments des premiers sont connus (insécurité prétendument rampante, défense à tout prix de la propriété), parfois glaçants — un homme n'hésite pas à féliciter le buraliste. Permis de tuer ? devient alors le catalogue des peurs françaises et autres préjugés infondés. Le traitement sobre et pudique est à la hauteur de la gravité du sujet. Le documentaire fait l'économie d'une voix off sentencieuse ou manichéenne, laissant chaque camp faire valoir sa position. D'un côté, Luc Fournié, le commerçant placide, martèle le bien-fondé de son geste selon un raisonnement maladroit. De l'autre, Estelle Lavignasse, la mère de Jonathan, témoigne de sa « confiance en la justice ». — Xavier Thomann