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Le rôle de la moto au cinéma

Pasolini, diffusion du mercredi 04 avril 2018 à 23h30

1er nov 1975 : la dernière journée, fatale, de l'écrivain et cinéaste, Pasolini. A travers deux interviews et sa création en cours, un portrait crépusculaire d'une véritable conscience critique, prête à tous les dangers. Captivant et un peu austère. Critique : Pas question d'une hagiographie — c'eût été un affront vis-à-vis de Pier Paolo Pasolini, qui se méfiait de l'idolâtrie. Pour saisir l'homme, le créateur et le penseur, Abel Ferrara s'en tient donc à raconter le dernier jour de sa vie, le 1er novembre 1975. Pasolini achève le montage de Salo ou les 120 journées de Sodome. Il travaille aussi à un livre, Petrolio, autour des turpitudes de la scène politique en Italie, et au scénario d'un film, Porno-Teo-Kolossal, racontant les pérégrinations d'un père et de son fils en quête du paradis. Deux projets que Ferrara illustre à travers des séquences fantasmatiques plutôt confuses. Le cinéaste captive davantage lorsqu'il montre simplement, à travers deux interviews, un Pasolini radical, en guerre contre le libéralisme en train de gangrener le prolétariat comme l'intelligentsia. Une conscience critique en ébullition permanente. Willem Dafoe, visage émacié d'Amérindien intello, donne à ses moindres paroles et gestes une densité toute prophétique. « Nous sommes en danger », prévient-il. On pressent ce danger tout au long de ce portrait sombre et aux tons fauves, crépusculaire, hormis durant une parenthèse joyeuse de repas avec la fantasque Laura Betti (Maria de Medeiros). Le huis clos se transforme, ensuite, en échappée nocturne : Pasolini lève un ragazzo dans un bar, l'embarque dans son Alfa Romeo. Toute cette dernière partie menant à la fameu­se plage d'Ostie constitue le meilleur du film, car s'y jouent bien le désir, le frisson et la mort. — Jacques Morice   Sortie le 31 décembre.