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Le rôle de la moto au cinéma

Orpheline, diffusion du mardi 21 août 2018 à 01h25

Un rôle, quatre actrices… Avec ce récit fragmenté et intense, sur les pas d'une fille en quête d'amour et d'elle-même, l’aventureux réalisateur de "Michael Kohlhass" signe son film le plus incarné. Critique : | Genre : elle et pas elle. Marcel Proust avait sa théorie des person­nes différentes, étrangères les unes aux autres, que nous devenons au cours de notre vie. Il y a cette même idée dans le magnifique pari d’Arnaud des Pallières : res­tituer les métamorphoses d’une femme en la faisant jouer par quatre ­actrices. On découvre l’héroïne pres­que trentenaire (Adèle Haenel). Puis on remonte le temps. On la voit à 20 ans (Adèle Exarchopoulos), adolescente (Solène Rigot) et finalement enfant (Vega Cuzytek). Orpheline n’a donc rien à voir avec ces fictions en plusieurs époques où l’on vieillit les comédiens. C’est moins le changement physique qui intéresse le ­cinéaste que la captation, à chaque étape, d’une nouvelle personnalité, d’un autre rapport au monde. En ce sens, la démarche rappellerait plutôt I’m not there, où Todd Haynes faisait jouer Bob Dylan par six acteurs différents. Le scénario puise dans l’histoire personnelle de la coscénariste, Christelle Berthevas : enfant, l’héroïne est le témoin muet d’un drame qui la coupe symbo­liquement de sa famille et en fait cette ­­­« orpheline » des périodes suivantes. Le plus intense reste l’immense demande d’amour, à la fois pathétique et motrice, qui taraude le personnage. Un puits sans fond, qui la fait se jeter dans les bras et le lit des hommes dès l’adolescence. Cette demande compulsive devient un danger pour l’héroïne au moment d’assurer sa subsistance. Dès lors, le suspense final, où on la retrouve adulte, comme au tout ­début, porte moins sur les suites du dossier judiciaire que sur la possibilité d’une indépendance, enfin.

Le rôle de la moto au cinéma

Orpheline, diffusion du vendredi 06 avril 2018 à 08h35

Un rôle, quatre actrices… Avec ce récit fragmenté et intense, sur les pas d'une fille en quête d'amour et d'elle-même, l’aventureux réalisateur de "Michael Kohlhass" signe son film le plus incarné. Critique : Marcel Proust avait sa théorie des « moi » successifs : les personnes différentes, étrangères les unes aux autres, que nous devenons, au cours de notre vie. Il y a une idée de cet ordre dans le pari d'Arnaud des Pallières : restituer les métamorphoses d'une femme en la faisant jouer, tour à tour, par quatre actrices. On découvre l'héroïne presque trentenaire (Adèle Haenel). Puis on remonte le temps. On la voit à 20 ans (Adèle Exarchopoulos), jeune adolescente (Solène Rigot) et finalement enfant (Vega Cuzytek). Le réalisateur de Michael Kohlhaas (adaptation de Kleist avec Mads Mikkelsen, en 2013) vient du documentaire de création. Depuis Drancy Avenir (son premier long métrage, en 1996), ses films sont conçus comme des expériences. Orpheline n'a donc rien à voir avec ces fictions en plusieurs époques où l'on vieillit peu à peu le comédien. C'est moins le changement physique qui intéresse le cinéaste (trois des interprètes sont, en fait, très proches en âge) que la captation, à chaque étape, d'une nouvelle personnalité, d'un autre rapport au monde. En ce sens, la démarche rappellerait plutôt I'm not there (2007), où Todd Haynes faisait jouer Bob Dylan par six acteurs différents (dont Cate Blanchett...). L'unité secrète du portrait, au-delà des changements de visage (et même de prénom !) tient à une mise en scène qui, chez Arnaud des Pallières, n'avait jamais atteint un tel degré d'incarnation. Aucune des quatre actrices n'est moins captivante que les autres. Leur éclat et l'acuité du regard porté sur elles assurent une continuité. Et le scénario puise dans l'histoire personnelle de la coscénariste, Christelle Berthevas, fil conducteur intime et singulier. Enfant, l'héroïne est le témoin muet d'un drame qui la coupe symboliquement de sa famille et en fait cette « orpheline » des périodes suivantes. Le récit ne perd en intensité que dans les méandres amenés par le fait divers : à 20 ans, la jeune femme est mêlée à une affaire criminelle. Le plus beau, le plus troublant restent la demande d'amour immense, à la fois pathétique et motrice, qui taraude le personnage. Un puits sans fond, qui la fait se jeter dans les bras et le lit des hommes dès l'adolescence, quitte à les effaroucher où à en faire des pères de substitution — plusieurs belles scènes sur ce thème. Cette demande compulsive devient un danger pour l'héroïne au moment d'assurer sa subsistance, de se construire. Dès lors, le suspense final, où on la retrouve adulte, comme au tout début, porte moins sur les suites du dossier judiciaire que sur la possibilité d'une indépendance, enfin. — Louis Guichard

Le rôle de la moto au cinéma

Orpheline, diffusion du jeudi 29 mars 2018 à 08h35

Le rôle de la moto au cinéma

Orpheline, diffusion du mardi 13 mars 2018 à 01h10