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Le rôle de la moto au cinéma

Orlando ou l’impatience, diffusion du samedi 08 juillet 2017 à 05h00

Un jeune homme cherche à retrouver un père dont il ne connaît pas l'identité. Sa mère, une grande actrice, lui fait plusieurs révélations successives qui le mènent sur de fausses pistes. Il fera la rencontre de plusieurs pères potentiels, tous metteurs en scène et représentant chacun une facette du théâtre : tragédie politique, comédie érotique, poésie religieuse, épopée historique, farce philosophique. -- Critique : Metteur en scène, romancier, poète, dramaturge, patron du Festival d'Avignon : Olivier Py, 50 ans, a plus d'une corde à sa lyre d'Orphée. Sa verve est d'ordinaire claudelienne et son chant chrétien, mâtiné d'homosexualité vibrante. Ses mises en scène flirtent volontiers avec la grandeur et le lyrisme. Mais on ne l'aime jamais autant que lorsqu'il est satirique, méchant et polémique. Comme dans cet Orlando ou l'Impatience, jubilant morceau de théâtre. Trop long, sans doute, et trop bavard, mais avec des élans mystiques comme lui seul les ose, et d'hilarantes scènes artistico-politiques comme lui seul n'a pas peur d'en faire. Dans cette tragi-comédie baroque et plutôt autobiographique où un jeune comédien part en quête d'un père qu'il ne trouvera jamais, Olivier Py a en effet glissé quelques piques assassines. Contre un ministère de la Culture impuissant et masochiste ; contre un gouvernement incapable de défendre ses créateurs. Des personnages à clé ? Sans doute... Mais comptent aussi ici la délirante mère castratrice (merveilleuse Mireille Herbstmeyer) et l'extravagant fou shakespearien (époustouflant Jean-Damien Barbin). A travers le désir de père qui obsède Orlando — figure à demi christique abandonnée par son créateur —, Olivier Py affirme surtout que la scène est le dernier autel d'une possible spiritualité dans notre monde désolé. Et combien ce vide que cherchent les acteurs pour être capables en scène de tout incarner devient le plein des spectateurs, les mène à la joie, phase ultime d'adéquation aux mystères du monde... C'est gonflé, boursouflé et... épatant. — Fabienne Pascaud [[235792]]