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Le rôle de la moto au cinéma

Oblomov, diffusion du dimanche 23 décembre 2018 à 05h00

Bourgois russe installé à Saint-Petersbourg, Oblomov passe l'essentiel de ses journées sur son divan, plongé dans ses rêveries et tourmenté par la chute de ses revenus. Il voit son confort vaciller avec le retour d'un ami d'enfance et surtout avec sa passion pour une chanteuse d'opéra, Olga... Critique : Parangon d’indolence et d’inertie, Oblomov s’amollit dans l’oisiveté et la rêverie. Malgré les remontrances de son ami Stolz, homme d’affaires et globe-trotteur impétueux, l’aristocrate pétersbourgeois, propriétaire désargenté, a érigé la paresse en art de vivre. Sa découverte énamourée de la jolie ­Olga arrache Oblomov à sa léthargie et peuple ses siestes de vives douleurs de l’âme… Version abrégée de la pièce de Volodia Serre, jouée en 2013 par la troupe du Français, adaptée du livre d’Ivan Gontcharov, cette fiction ranime le nihilisme du héros velléitaire. Publié en 1859, ce classique russe a popularisé l’« oblomovisme » : un concentré de neurasthénie nostalgique, voisine du bovarysme et du spleen tchékhovien. Geignard, nombriliste, Guillaume Gallienne s’amuse du narcissisme phraseur du rôle-titre. Mais en entremêlant au jeu des extraits de films de Sokourov, de Tarkovski et de Nikita Mikhalkov, projetés en arrière-plan ou en interludes, le ­comédien réalisateur leste sa représentation filmée d’une tonalité compassée. Quelques envolées acerbes, tel ce plaidoyer pour la passion encasernée dans la norme maritale, amendent et dynamisent le propos. Charmeuse et fantasque Olga, Adeline d’Hermy réveille de son impulsivité fiévreuse cette allégorie sur les regrets du paradis perdu.