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Noire est la couleur, Les artistes africains-américains et la ségrégation, diffusion du vendredi 27 avril 2018 à 02h40
Il n'y a pas si longtemps, un visiteur du Metropolitan Museum of Art à New York aurait eu bien du mal à découvrir la peinture noire américaine. Ce n'est plus le cas désormais puisqu'elle a enfin trouvé sa place aux cimaises des plus grands musées des Etats-Unis. Quel regard les artistes africains-américains portent-ils sur le monde par rapport à leurs confrères blancs ? La spécificité de la peinture noire apparaît sans conteste dans sa dimension politique. Car l'acte de naissance de l'art africain-américain réside dans la représentation de l'émancipation du peuple noir, tandis que sa maturité s'acquiert parallèlement à la lutte contre la ségrégation raciale et pour l'obtention des droits civiques. Critique : 1969, l'exposition « Harlem on my mind » du Metropolitan Museum of Art de New York soulève une vive protestation : censé refléter la vie du ghetto, elle ne présente aucune oeuvre d'artiste noir. En réaction, le plasticien Romare Bearden crée The Block, fresque vibrante et optimiste montrant la vie grouillante du quartier, qui sera exposée au « Met » en 2010. Hier occultés, aujourd'hui célébrés, les artistes afro-américains ont lentement conquis la reconnaissance des institutions. Une « marche vers les musées » dont ce film (à l'occasion de l'exposition « The color line », au musée du Quai Branly, à Paris (1) ) entend retracer les blocages et les malentendus, en regard de la lutte contre la ségrégation raciale. Le sujet, ample, s'articule autour de cette dimension militante, exprimée ainsi par le peintre Whitfield Lovell : « Pour un artiste africain-américain, créer est une déclaration politique. » Selon un déroulé chronologique, le film s'attache, avec l'aide d'historiens de l'art, à analyser des oeuvres phares et à éclairer fugacement quelques parcours emblématiques (Henry Ossawa Tanner, Jacob Lawrence, Jean-Michel Basquiat...), confrontés à la nécessité impérieuse de s'approprier une image et un destin, de porter la voix des opprimés, et, in fine, de « transcender l'acte politique ». Enjeux qui, loin des honneurs du monde de l'art, restent en 2016 d'une actualité brûlante... De ce tour d'horizon, parcellaire et un peu sage, on ressort avec l'envie d'en voir et d'en savoir plus. — Isabelle Poitte (1) A partir du 4 octobre.