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Neruda, diffusion du lundi 25 juin 2018 à 10h05
La cavale du poète, traqué par le pouvoir dans les années 1940, a fait vibrer le peuple chilien. Un anti-biopic engagé, épique et visuellement éblouissant. Critique : | Genre : poème biographique. A la fin des années 1940, le poète communiste chilien Pablo Neruda est déclaré traître au régime populiste en place. Il doit fuir, se cacher… Cet épisode bien réel — du moins le début de la cavale, entre 1947 et 1949 — inspire à Pablo Larraín un grand poème visuel, fait de scènes courtes, insolites, caustiques et rêveuses. C’est le comédien Luis Gnecco qui habite ce rôle écrasant, avec une légèreté, une rondeur et un charisme étonnants. Dans cet anti-biopic, le cinéaste détricote tout et, d’abord, la figure du grand homme. Il s’agit moins de montrer les faits que les effets : l’imaginaire de Neruda, son impact sur tout un peuple, sa puissance créatrice débordent, truquent le réel, dévient la narration. Le film se fait vaste et vibrant comme le Chant général, que Pablo Neruda est alors en train d’écrire. A la poursuite de l’artiste, un drôle de flic. Raide comme la mort, d’une sinistre drôlerie, Gael García Bernal rend à la fois pathétique et inquiétant ce personnage, presque un méchant de roman policier, pareil à ceux que Neruda adorait lire. Partout, ce poignant Dupont sud-américain arrive trop tard, échoue dans sa tentative d’enfermer mais aussi de comprendre sa proie. Partout, Neruda laisse son sillage de magie et de fascination, et aussi un livre : des miettes de mots pour narguer son poursuivant… Sur ce tableau fantasque et libre d’une époque où les poètes étaient plus grands que la vie, où ils promettaient, avec une confiance effrontée, des lendemains fraternels, plane aussi l’ombre de la dictature. Quelque part, un certain Pinochet, que l’on aperçoit un instant à la tête d’un camp de prisonniers, attend son heure…