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Miró, dans la couleur de ses rêves, diffusion du dimanche 25 novembre 2018 à 09h25
Focus sur les vingt premières années, décisives, pendant lesquelles Joan Miró invente son style et passe du réalisme à un système poétique de signes symboliques. Critique : Miró ne rêvait jamais dans son sommeil, mais éveillé. Il se voyait comme un mélange d’ermite et de guerrier, se sentait comme un végétal enraciné dans sa terre de Mont-roig, à deux heures de Barcelone, son refuge, où, souvent il achevait ses toiles entamées à Paris. Prônant l’humilité par laquelle on devient grand, le Catalan, après plusieurs expositions infructueuses, fut aussi capable de déclarer : « Je ne remonterai sur le ring que pour le titre. » Et il triompha en 1928, à la galerie Bernheim, à Paris, avec quarante et une toiles, toutes vendues. Ce documentaire, au montage très fluide, où se nouent harmonieusement le commentaire et les propos de Miró, effleure seulement la chronologie d’une vie pour mieux entrer dans le processus créateur de l’artiste, paradoxal et énigmatique : « Ma peinture peut être perçue comme humoristique et gaie, alors que je suis tragique. » La réalisation décrypte les figures et les signes de deux œuvres majeures : La Ferme (1921-1922), qui marque ses adieux à toute forme de réalisme, saluée par un très beau poème de Prévert ; et Le Carnaval (1924-1925), né d’hallucinations, qui inaugure son envolée onirique. L’importance accordée aux croquis préparatoires comble le grand manque de la rétrospective qui se tient actuellement au Grand Palais. Miró multiplie les études, les notes d’intention, les graffitis en tous genres et les heures de méditation. Car rien n’est spontané chez « le plus surréaliste des peintres » — ainsi le qualifiait André Breton.