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Mektoub, My Love : Canto Uno, diffusion du vendredi 01 mars 2019 à 08h15
A Paris en 1994, Amin veut gagner sa vie en tant que scénariste. Pour les vacances d'été, il rentre chez ses parents;, patrons d'un restaurant tunisien à Sète. Il partage son temps entre la maison familiale, les bars du coin et la plage avec ses amis, son cousin dragueur Tony ou sa meilleure amie Ophélie. A la différence de son cousin, Amin n'a aucun succès auprès des filles. Il préfère prendre en photo la côte qu'il trouve très inspirante. Il rencontre Jasmine dont il tombe amoureux. Un producteur se dit prêt à financer son premier film. Mais la femme du producteur n'est pas insensible au charme d'Amin... Critique : Eté 1994, Sète. Ils s’éclatent à la plage, dans les bars, en boîte. Ils ont 20 ans, viennent de Paris, Nice ou la Tunisie. Des couples se forment, se déforment, la jalousie s’insinue. Charlotte, la brune, tombe amoureuse et souffre, tandis que Céline, la blonde, elle, passe d’un garçon à une fille. Parmi la bande, il y a Amin, adonis qui attire toutes les filles, mais ne couche pas, même s’il rêve de séduire Ophélie… Tous sont d’une beauté lumineuse, voluptueuse, nacrée. Tel Auguste Renoir, peintre cité explicitement, le cinéaste célèbre les corps comme des dieux de l’Olympe. Il privilégie surtout la femme, sa sensibilité, sa puissance. L’homme, à côté, paraît plus petit, plus insaisissable. A l’image d’Amin, qui écrit des scénarios et regarde, seul, des films, alors que dehors le soleil rayonne — serait-ce Abdellatif Kechiche lui-même, au temps de sa jeunesse ? Avec ses jeux de baignade, ses moments étourdissants en boîte, le film est un hymne au bel âge, une ode gorgée d’énergie, où la liberté prime sur le scénario. Il y a pourtant une intrigue, des intrigues même, comme chez Marivaux. De fausses confidences en serments trompeurs, de petites en grandes infidélités, le film prolonge en quelque sorte L’Esquive, quinze ans après. La cruauté et le chagrin y ont leur place, mais en mode mineur. Le conflit entre le corps et le langage, habituel chez ce cinéaste, est balayé par la fête. Une fusion, un tourbillon qui donnent l’illusion de l’éternité.