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Le rôle de la moto au cinéma

Mal de pierres, diffusion du vendredi 13 avril 2018 à 00h45

Dans les années 1950, une jeune femme mal mariée découvre la passion amoureuse… Film fiévreux, romanesque, le plus réussi de Nicole Garcia. Avec une Marion Cotillard une fois de plus superbe, entre intensité et retenue… Critique : C'est une cinéaste à l'ancienne, ce qui peut être un défaut dans un monde qui prétend être moderne à toute force. Mais rien n'effraie Nicole Garcia : ni le romanesque parfois appuyé de ses intrigues, ni les flash-back, procédé que presque plus personne n'ose utiliser aujourd'hui. Ni même les personnages, qu'elle veut construits, fouillés, très écrits, comme dans les romans psychologiques du xixe siècle. Elle a des goûts fermes. Les hommes, elle les veut beaux (comme Gérard Lanvin, Bernard Giraudeau, Jean-Marc Barr dans Le Fils préféré), virils, donc rassurants, en dépit de leurs failles secrètes. Alors que les femmes, sous son regard tout empreint de tendresse, n'en finissent pas de tomber : Nathalie Baye, mère fugueuse dans Un week-end sur deux, Catherine Deneuve, alcoolique indestructible dans Place Vendôme... L'héroïne de Mal de pierres, Gabrielle (Marion Cotillard), semble avoir hérité de leur angoisse permanente, de leurs interrogations sans fin, de leur mélancolie infinie. Dans la province (la Provence) des années 1950, où sa mère dirige une exploitation agricole, elle bout de frustration et de rage. Elle veut séduire le prof qui lui donne à lire des livres, dont elle lèche les pages en l'imaginant accepter ses caresses. Elle s'offre nue, le soir, à sa fenêtre, au regard des journaliers espagnols qu'emploient ses parents, dont l'un, José (Àlex Brendemühl), l'observe encore plus intensément que les autres. C'est lui qui va épouser Gabrielle, presque vendue par sa mère. La jeune femme le nargue : « Je ne coucherai pas avec vous. Je ne vous aime pas, ne vous aimerai jamais. » Il se tait. Il la contemple. Il accepte caprices et exigences. Seul lui importe de rester avec elle... Formidable personnage que ce taiseux que l'on prend longtemps pour un être fruste mais qui se révèle d'une surprenante humanité. Il n'est qu'amour face à Gabrielle, qui, aveuglée par la passion, ne le voit pas... Toute la première partie de Mal de pierres, librement inspirée du roman de Milena Agus, est âpre, presque rude, intranquille — sûrement ce que Nicole Garcia a réussi de mieux. La sensualité accable tant elle écrase. Et la férocité règne, notamment dans ce plan terrible : un rectangle de lumière éclairant la grange où Gabrielle, perdue dans le noir, écoute sa mère la menacer d'internement... Ensuite, la rencontre, dans un sanatorium, de Gabrielle avec un militaire blessé en Indochine (Louis Garrel, étrangement sobre), la folie amoureuse qui s'empare d'elle et la consume, son étonnement, une fois enceinte, de ne jamais recevoir de réponse à ses lettres enflammées, bref, toutes les péripéties de l'intrigue reposent sur l'osmose visible de la réalisatrice avec sa comédienne. On sait depuis longtemps — mais surtout depuis The Immigrant, où James Gray la filmait comme une icône, une star du muet — l'étonnante expressivité du visage de Marion Cotillard. Dont elle se sert non pour exhiber les sentiments de ses personnages, mais pour les refréner au maximum. Avec elle, aucun sanglot. Pas même de larme perlant au bord des cils. L'émotion qu'elle dégage est toujours nette, précise, affinée. Et c'est évidemment ce cache-cache constant entre épure et intensité qui rend le film de Nicole Garcia réussi et troublant. — Pierre Murat

Le rôle de la moto au cinéma

Mal de pierres, diffusion du jeudi 05 avril 2018 à 08h30

Le rôle de la moto au cinéma

Mal de pierres, diffusion du vendredi 02 mars 2018 à 06h55