Diffusions passées:

Le rôle de la moto au cinéma

Lolo, diffusion du dimanche 15 avril 2018 à 21h00

Un fils sournois empêche sa mère de vivre sa vie amoureuse. Une comédie inégale par ses gags, mais plus incisive et anticonformiste qu’elle en a l’air. Critique : Mis à part La Comtesse, son film en costumes (ensanglantés), Julie Delpy semblait s'être donné pour modèle la comédie américaine indépendante. Two Days in Paris, en 2007, et Two Days in New York, en 2012, ont illustré cette tentative avec un certain succès. Lolo, par sa distribution, ses gags et son argument, ramène, au contraire, la réalisatrice expatriée (à Los Angeles) sur un terrain très français. Un fils de 20 ans empêche sa mère, chez qui il vit luxueusement, d'avoir un nouvel homme... Il y a quelque chose d'Etienne Chatiliez, celui de Tanguy, voire de Tatie Danielle, dans cette dramaturgie familiale. En début d'année, déjà, la comédie Papa ou maman, avec pâtes au liquide vaisselle et jets de yaourt à travers la maison, annonçait ce retour, sans convaincre de sa nécessité... Autre signal peu engageant, en guise d'ouverture : la vulga­rité forcée des conversations entre femmes sur le sexe. Une fausse originalité, tant le calamiteux et populaire Sous les jupes des filles établissait l'an dernier un nouveau standard de « beaufitude » au féminin. La bonne surprise vient des deux acteurs choisis et dirigés par Julie Delpy. Dany Boon joue l'amant provincial et plouc de la mère parisienne, femme de pouvoir dans le milieu de la mode. Pas vraiment au centre de l'action, le comique gagne à ce profil bas, à cette relative discrétion, qui influe sur son jeu. Il parvient à rendre presque attachant cet ingénieur gentillet, mais pas totalement simplet (pour une fois) auquel le fiston déclare la guerre. Vincent Lacoste, principal atout du film, est, lui, irrésistible de sournoiserie et d'arrogance, avec une dextérité burlesque nouvelle, un timing parfait de l'expression et du geste. Le scénario conduit ce personnage aussi mignon que détestable au bout de son ignominie. De sorte que Lolo se termine d'une façon moins consensuelle, plus féroce que prévu. Dans une comédie qui vise un très large public, c'est indéniablement une audace de fuir toute réconciliation. — Louis Guichard