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Les voleurs de feu, diffusion du mardi 27 novembre 2018 à 00h40
Partout dans le monde, l'énergie solaire se développe de manière spectaculaire, sauf en France où la filière photovoltaïque a perdu la moitié de ses emplois depuis 2011. Critique : C'est l'histoire d'un fiasco à répétition. Un fiasco orchestré par les pouvoirs publics. Dans Les Voleurs de feu, Brigitte Chevet, déjà auteure d'un film sensible sur le démantèlement de la centrale de Brennilis, raconte l'énorme gâchis du solaire français. Au début des années 1970, le pays est considéré comme le deuxième au monde pour cette énergie, juste derrière les Etats-Unis. Le CNRS lui consacre un grand programme scientifique, le four solaire d'Odeillo et la centrale Thémis sont édifiés dans les Pyrénées... Mais le choix du nucléaire est imposé, Thémis est débranchée au bout de trois ans, les crédits s'assèchent, la recherche s'écroule. Vingt ans plus tard, avec les extravagantes incitations du Grenelle de l'environnement (avantages fiscaux, tarifs d'achats, subventions...), les panneaux solaires se déploient enfin... jusqu'au revirement du gouvernement de François Fillon, fin 2010. Rétrospectivement, il semble que la bulle ait été créée pour mieux la crever, et ainsi empêcher la filière de se développer. Mais ni Jean-Louis Borloo ni Nathalie Kosciusko-Morizet n'ont accepté de s'en expliquer. L'enquête de Brigitte Chevet n'en est pas moins riche d'étonnantes archives et de passionnants témoins, depuis les pionniers jusqu'aux artisans installateurs d'aujourd'hui, égayée en outre par les dessins de Reiser, zélateur précoce et visionnaire du solaire. EDF préférant rester muette, seule sa filiale RTE (Réseau de transport d'électricité) est représentée par la voix d'un responsable qui vante, sans rire, un réseau interconnecté permettant aux Français de consommer du solaire... allemand ! Désespérant ? Brigitte Chevet finit pourtant sur une note optimiste. Un mérite supplémentaire à ce film qui n'en manque pas. — Samuel Gontier
