Diffusions passées:

Le rôle de la moto au cinéma

Les Sans-Espoir, diffusion du mercredi 10 mai 2017 à 23h40

En 1869 en Hongrie, les «Sans-Espoir», sorte de bandits de grand chemin, encore redoutés pour leur rôle dans l'insurrection de 1848, se sont depuis lors fondus dans le peuple des paysans. Le gouverneur Raday, désireux de raffermir son pouvoir vacillant, a réuni nombre de gens du peuple dans un fortin. Il espère démasquer parmi eux des «Sans-Espoir», et ainsi remonter à leur ancien chef, Sandor. Mais les hors-la-loi sont difficiles à identifier. Rusé, Raday propose aux paysans rassemblés de s'engager dans l'armée. Il espère ainsi reconnaître facilement à leurs capacités à l'entraînement les anciens combattants de l'armée rebelle de Sandor... -- Critique : | Genre : requiem pour un massacre. Nous sommes en Hongrie, au xixe siècle, mais tout pourrait se passer dans un autre lieu, dans un autre temps. Dans n'importe quel pays plongé dans une guerre civile où les vainqueurs ne cessent de se venger des vaincus. Au sein d'un fortin cerné par des espaces vides, des militaires cherchent à démasquer, parmi les paysans qu'ils ont réunis, un leader révolutionnaire qui les nargue... Avant de sombrer dans un oubli étonnant, Miklós Jancsó (décédé en 2014 ) était le roi intello du festival de Cannes — il y fut toujours invité à partir des années 1970. Dans Les Sans-espoir (1965), ce film des ­débuts au noir et blanc superbe, on découvre ses deux credo. L'un est politique : l'homme révolté croisera inévitablement un traître pour l'anéantir. Le second est esthétique : seule la beauté donne un sens au monde. D'où cette chorégraphie sinueuse, ininterrompue, où la caméra, comme en état de grâce, tourne inlassablement autour de silhouettes qui elles-mêmes se tournent autour, sans se rejoindre ni se comprendre jamais. Le « style Jancsó », fascinant pour les uns, insoutenable pour les autres, aboutira à deux chefs-d'oeuvre, édités en DVD : Sirocco d'hiver (1969) et Pour Electre (1974). Et puis les plans-séquences finiront, tels des vampires, par avaler intrigues et personnages, pour laisser Miklós Jancsó un peu seul face à son art... — Pierre Murat