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Les nuits blanches du facteur, diffusion du mercredi 30 mai 2018 à 22h25
Entre documentaire et fiction, le cinéaste suit son héros qui, dans ce coin perdu du nord de la Russie, apporte aux rares habitants courrier et nourriture… Acteurs amateurs et vision d'une Russie éternelle où la pureté de la nature l'emporte… Critique : | Genre : le messager sans message. Pourquoi, à son réveil, est-il observé par ce chat gris ? Et d'où sort-il, d'abord ? Il n'en existe pas dans la région... Liocha est le facteur de ce coin perdu du nord de la Russie. Chaque jour, dans son canot à moteur, il traverse l'immensité du lac pour transmettre à des habitants de plus en plus rares quelques lettres, leur pension (maigrichonne), du pain, des ampoules et les journaux. Il les connaît tous : Youri, un vieux type à la voix de basse qui s'étonne que son âme le fasse tant souffrir ; « Brioche », qui chancelle sur les chemins, ivre mort à jamais ; sans oublier Irina, une copine d'enfance à qui Liocha ferait bien la cour... De ses débuts russes (Le Bonheur d'Assia) à ses réussites hollywoodiennes (Le Bayou), Andreï Konchalovski a toujours aimé les intrigues à la lisière du documentaire. Des histoires où l'imaginaire est aux aguets, mais où le quotidien l'emporte : celui de petites gens apparemment sans importance, mais à ses yeux essentiels. Avec des comédiens amateurs, il filme une Russie immuable, où les êtres humains, tels des hôtes de passage, semblent s'effacer pour rendre à la nature sa pureté, un instant troublée. Avec son canot bientôt sans moteur (on le lui a volé !), Liocha devient, au fil du temps, un messager sans message : Konchalovski le montre soudain perdu, assis sur le dos d'une barque, en compagnie du pote à l'âme douloureuse et du chat gris qu'il est le seul à voir. Etrange trio au bord de l'irréel... — Pierre Murat
