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Le rôle de la moto au cinéma

Le tigre du Bengale, diffusion du lundi 18 février 2019 à 23h40

Un maharadjah demande à un architecte de l'aider à développer son pays. Un des derniers films de Lang, devenu un véritable philosophe, sage et serein. Critique : | Genre : aventures indiennes. Au milieu du Tigre du Bengale, il y a un plan étrange : ce banal plan de coupe où l'on voit la rue indienne procure un dépaysement inversé, tant il contraste avec l'apparat qui préside ailleurs, celui de « l'Inde éternelle des maharajas ». L'architecte allemand Harald Berger ou le prince Chandra : les personnages de ce film duel sont moins des types humains que des figures mises au service d'un objet-film fait pour susciter l'admiration. L'histoire de la production en dit déjà long. Tigre et Tombeau sont adaptés d'un roman de Thea von Harbou. Lang, fasciné comme elle par l'Inde, eut l'idée très tôt d'en faire un film. On lui retira le projet, confié à un certain Joe May, qui tourna sa version en 1921. Celle de Richard Eichberg, en 1938, est une commande du régime nazi. Fritz Lang, alors, a depuis cinq ans quitté l'Allemagne pour Hollywood. Quand il revient vingt ans après à Berlin, il se sent égaré dans un pays qui n'est plus le sien. Mais aussi animé d'une énergie particulière puisqu'on lui propose de renouer avec un amour de jeunesse échappé : ce double film d'aventures indiennes. Le résultat est d'une splendeur qui dépasse la question de l'artifice (faux Indiens grimés parlant allemand, raccords déroutants) et d'une fluidité narrative tout à fait dans l'esprit feuilleton voulu. S'accomplit ici le fantasme d'une aventure à la Tintin, agrémentée d'une puissante charge érotique en plus des pulsions de mort et de quête spirituelle, à l'oeuvre aussi bien chez Hergé que chez Lang. — François Gorin