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Le temps des rêves, diffusion du mercredi 14 février 2018 à 23h45

La chute du Mur, ils y ont cru, Dani et ses copains. Mais l’Histoire les a rattrapés. Portrait amer d’une génération perdue, du côté de Leipzig. Critique : « Ostalgie », la suite. Ils s'étaient tant illusionnés, ces ados d'un faubourg moche de Leipzig, RDA, quand le Mur est tombé et que les deux Allemagne ont été réunies. Ils rêvaient, par exemple, d'ouvrir le premier night-club de la ville dans un entrepôt désaffecté. Mais les néonazis ont mis fin à quelques mois de fête, et l'économie de marché a fait le reste : l'un succombe à la mauvaise came que lui vend l'autre, l'ex-espoir de la boxe locale se transforme en alcoolo paumé, la fille tant désirée se met à faire du strip-tease dans une boîte glauque. Et Dani, le héros du récit, ex-pionnier exemplaire des Jeunesses communistes (quand il avait 8 ans) se retrouve privé de ses amis et de ses rêves. Trois générations d'« Ossies » (citoyens de l'ex-RDA) ont réuni leurs expériences des mutations de l'Allemagne dans ce film lucide et désespéré : l'écrivain Clemens Meyer, 38 ans, acteur ou témoin de l'action (le roman dont le film est tiré, Quand on rêvait, vient de sortir) ; le scénariste Wolfgang Kohlhaase, 84 ans, qui a connu le pays avant la partition ; et le réalisateur Andreas Dresen, 52 ans, né à 60 kilomètres de Leipzig. Il abandonne cette fois le style naturaliste de ses précédents films (Un été à Berlin, Pour lui, 7e Ciel) pour quelques effets superflus, musique techno légèrement anachronique, caméra virevoltante, lumières stroboscopiques... Mais le constat est glaçant. -- Aurélien Ferenczi