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Le rôle de la moto au cinéma

Le siège, diffusion du mercredi 04 avril 2018 à 00h35

La guerre les a surpris par une journée ensoleillée et ne leur a laissé aucun répit pendant quatre années : d'avril 1992 à février 1996, Sarajevo, la capitale de la Bosnie-Herzégovine, carrefour entre l'Orient et l'Occident, a connu le plus long siège de l'histoire contemporaine. Encerclés par les troupes serbes du général Mladic, postées sur les hauteurs de la ville, 350 000 Sarajéviens ont vécu sous le feu quotidien de l'artillerie, de l'aviation et sous les tirs des snipers. Pourtant, contre toute attente, la ville a résisté et survécu, défendant corps et âme une idée du vivre ensemble. Aux images de corps déchiquetés, de blessés rampant dans les rues, de larmes, de sang et d'immeubles éventrés et encore fumants répondent celles des gestes du quotidien. Critique : C'est le plus long siège de l'histoire contemporaine. D'avril 1992 à février 1996, les forces paramilitaires serbes, postées sur les collines qui ceinturent Sarajevo, pilonnent la ville, sans relâche, « pour les rendre fous », selon les mots du général Mladic. Chaque jour, près de quatre interminables années durant, des centaines, voire des milliers, d'obus s'abattent sur la capitale de Bosnie-Herzégovine, tuant et tuant encore (près de douze mille personnes). Pourquoi une telle barbarie ? Ce n'est pas le sujet de ce film bouleversant (Fipa d'or au festival de Biarritz), qui n'aborde ni les enjeux géopolitiques ni la psy­chologie des assiégeants. Le Siège se concentre tout entier sur les assiégés, trois cent cinquante mille hommes, femmes et enfants pris au piège, à la merci des balles des snipers et des roquettes, maintenus en enfer une éternité. D'abord, la stupéfaction. « Nous refusions de croire qu'une telle guerre soit possible au coeur de l'Europe », commente un Sarajévien. Puis la peur, à mesure que les corps s'entassent dans les morgues. L'appel aux armes, l'organisation de la résistance, la faim, le froid, le désespoir. Mais aussi le désir viscéral de vivre malgré tout, de rire, se marier, faire de la musique, du théâtre, du cinéma... Les images d'archives défilent et les témoignages (forts) s'enchaînent, une cinquantaine de Sarajéviens aujourd'hui interrogés par le journaliste Rémy Ourdan, assiégé volontaire tout au long de cette tragédie. C'est Sarajevo qui parle, à la fois ville martyre et communauté résolument multiéthnique, fière de rejeter le poison de la division pour défendre une certaine idée de l'humanité. Et qui, contre toute attente, tiendra bon. — Marc Belpois