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Le rôle de la moto au cinéma

Le retour de Martin Guerre, diffusion du lundi 12 mars 2018 à 20h55

La société paysanne sous la Renaissance, cupide et crispée, et un beau portrait de femme libre. Critique : Film de Daniel Vigne (France, 1982). 110 mn. Avec Gérard Depardieu : Martin Guerre. Nathalie Baye : Bertrande de Rols. Roger Planchon : le juge Jean de Coras. Le genre : anguille sous roche. Pour sûr, ç'é lui, ç'é bin Martin. Dame non, ç't'un autre ! Oyez, oyez, braves spectateurs, c'est la zizanie au village gaulois, pardon, ariégeois, d'Artigat. Ah, ce bon vieux Retour de Martin Guerre, multidiffusé, et qui pourtant ne lasse point... Un film popu bien charnu en bure, sayon et cornette, qui fleure bon le foin et la miche. Suspense champêtre (rare, non ?), scènes de genre empruntées à de La Tour, musique super chiadée, sautillante et résonante (avec vielle et cornet) de Michel Portal, grand jazzman reconverti : on plonge direct au coeur des us et coutumes d'une paysannerie assez cossue du XVIe. Dans le genre reconstitution, un must. C'était aussi l'âge d'or de Gégé, colosse qui faisait alors dans la dentelle. Coupe au bol, blond comme les blés, fort comme un boeuf, il est irrésistible - au lit, il sait y faire, concède la Bertrande (Baye, plus veloutée que jamais) au juge qui rapportera plus tard cette histoire incroyable mais vraie. Depardieu porte le film, sans faire ombrage aux autres - Isabelle Sadoyan, Planchon, Donnadieu... -, qu'il fait tous bien jouer. OK, le film loupe en partie le point de vue, les espoirs et les angoisses de cet imposteur de génie, possible ancêtre épanoui et pacifique de Jean-Claude Romand. Tant pis pour l'intériorité, tant mieux pour le tableau général. Ce soldat qui vient de nulle part et qui prend la place d'un autre reste un mystère. Vieux phantasme, ça, celui de vivre une autre vie, et qui explique le succès persistant de ce film « grand public », de la Bretagne bruineuse aux quartiers nord de Marseille. Normal que Hollywood ait signé un remake - Sommersby, avec Richard Gere et Jodie Foster. A ce qu'on dit, nettement moins bon... Jacques Morice