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Le Douanier Rousseau ou l’éclosion moderne, diffusion du dimanche 03 février 2019 à 05h50

Ni douanier - il était employé de l'octroi des quais de Seine- ni voyageur, puisqu'il n'a jamais quitté Paris, le Douanier Rousseau, simple autodidacte, a produit une oeuvre considérable et protéiforme, bien moins naïve qu'il n'y paraît. Car si à son époque le Douanier Rousseau a parfois suscité une forme de moquerie, quelques jeunes avant-gardistes comme Guillaume Apollinaire, Pablo Picasso ou encore Robert Delaunay ont vu dans sa peinture des possibilités d'abstraction encore inconnues, allant du surréalisme au cubisme. Le documentariste Nicolas Autheman dévoile toute sa modernité en convoquant le théâtre d'ombre, le cinéma primitif et des scènes purement oniriques. Critique : Avec sa faluche, béret à large bord, et sa grande moustache, Henri Rousseau (1844-1910) a toujours tout fait pour ressembler à l'artiste qu'il a eu tant de mal à devenir. A l'âge de 50 ans, il finit par quitter son emploi de commis à l'octroi de Paris pour la peinture à plein temps — la dèche n'en sera que plus grande. Le Douanier Rousseau, surnom donné par son compatriote de Laval, le jeune Alfred Jarry, qui le défend et l'introduit dans le cercle de l'avant-garde, est le plus persévérant des peintres dits « du dimanche », puisqu'il a exposé vingt-trois ans durant au Salon des artistes indépendants. A chaque fois, ses oeuvres naïves aux couleurs chamarrées provoquent la risée du public. Jusqu'à ce qu'Apollinaire, Picasso et la bande remarquent cette peinture primitive, aussi spontanée qu'une illumination d'enfant, eux qui rêvent de briser les codes et de reprendre l'art à zéro. Le documentaire, au rythme hélas bien indolent pour l'univers si enjoué du facétieux Douanier, a le mérite d'approcher sa peinture au plus près, tout comme ses lieux découverts à travers des cartes postales anciennes filmées en 3D. Un effet magique que le naïf aurait sûrement adopté. — Sophie Cachon   A lire : Le Douanier Rousseau, charmeur de son temps, un hors-série Télérama. A voir : l'exposition « Le Douanier Rousseau, l'innocence archaïque », jusqu'au 17 juillet, au musée d'Orsay, à Paris.