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Le rôle de la moto au cinéma

Le 13 novembre : vivre avec, diffusion du mercredi 14 novembre 2018 à 00h40

Le 13 novembre, Claude-Emmanuel était au café «A la bonne bière» quand les tireurs sont arrivés et l'ont blessé à un pied, à la jambe, au bras et à la hanche. En face, Morgann mangeait avec une amie à la terrasse du restaurant «La Casa Nostra», lorsque l'un des terroristes est venu pointer son arme sur elle et son amie avant de repartir, sans tirer. Mohamed, agent de sécurité, se trouvait à dix mètres du kamikaze qui s'est fait exploser au Stade de France et a vu tout son flanc gauche blessé par les éclats de boulons et de clous. Louise, sortie indemne physiquement de la fosse du Bataclan, ressasse les images du carnage qu'elle a vécu. Eva, dans la fosse du Bataclan également, a eu moins de chance : blessée au dos, elle a dû trouver la force de fuir pour sauver sa peau, en laissant son compagnon mortellement touché derrière elle. Critique : Les attentats du 13 novembre 2015 ont fait cent trente morts ; mais combien de vivants meurtris ? Combien d'individus frappés à des degrés divers, de diverses manières ? Les uns y ont perdu l'usage d'un membre ; les autres ont vu leur existence amputée d'un compagnon, d'un parent, d'un ami. Tous ont dû affronter l'épreuve de l'après, apprendre à « vivre avec ». C'est à ces rescapés qu'Eric Guéret consacre ce film, recueil de récits et de confidences dont la variété recouvre une multiplicité de cas à même de témoigner pour tous les autres. De la qualité de son casting comme de la finesse des propos tenus par tel ou tel, son documentaire tire une partie de sa force. L'autre résulte d'un solide sens de la construction et du soin apporté à l'évocation des circonstances traumatiques auxquelles ces hommes et femmes ont été confrontés ce soir terrible d'il y a un an. Préférant aux images d'actualités le pinceau de l'auteur de B.D. Farid Boudellal, il opte pour la subjectivité du souvenir plutôt que pour la résurgence du passé. Ce faisant, il inscrit ses protagonistes dans le présent de la reconstruction. Là réside sans doute le parti pris fondamental de ce 13 Novembre, hommage résolu aux combats pacifiques, dont le titre aurait pu être celui qu'avait trouvé David André pour un documentaire similaire autour des rescapés de la tuerie de Charlie Hebdo (1) : Du côté des vivants. — François Ekchajzer   (1) Diffusé dans la foulée à 0h05.