Diffusions passées:

Le rôle de la moto au cinéma

La reine du silence, diffusion du mercredi 15 août 2018 à 03h00

Denisa, une jeune Rom de 10 ans, vit dans un campement illégal en Pologne, que les autorités menacent d'évacuer. Sourde, elle n'a pas appris à parler, personne n'ayant jamais diagnostiqué son handicap sévère. Mais un jour, elle trouve dans une décharge une boîte contenant des films de Bollywood. Happée par cet univers magique, elle entreprend d'en copier les costumes et les chorégraphies, entraînant d'autres enfants dans la danse. Quand une association caritative lui offre un appareil auditif, la petite fille découvre cette fois le monde des sons. Des morceaux de ferraille et autres objets jetés au rebut se transforment ainsi en instruments de percussion qui vont rythmer les danses. Critique : Le truc de Denisa, 10 ans, c'est la danse. Il faut la voir virevolter avec ses breloques et ses foulards, faire claquer ses rangées de bracelets sur les rythmes indiens dont elle est mordue. Pourtant, cette fillette rom est sourde depuis l'âge de 2 ans. Jusque-là jamais prise en charge, elle ne connaît même pas la langue des signes. En attendant d'apprendre à entendre et à ­s'exprimer grâce à l'appareil auditif que lui procure une ONG, Denisa danse, dans sa bulle colorée et pétillante, loin des soucis du quotidien. Sans ressources, sa famille doit mendier, affronter chaque jour le rejet et la honte. Dehors, le voisinage demande l'évacuation du campement illégal où elle est chichement installée avec les siens. Un jour, un groupe d'extrême droite incendie le terrain... La réalisatrice a vécu pendant trois ans dans la communauté rom de Wroclaw, en Pologne. Charmée par la vivacité de Denisa, elle a choisi d'en faire le personnage principal de son film. Ce beau portrait, original et vivant, capte la personnalité ­attachante, pleine de fougue et de fantaisie, de la demoiselle. Il retranscrit avec talent les couleurs de son univers intime à travers de petits clips chorégraphiés à la manière des films bollywoodiens. Agnieszka Zwiefka illustre ainsi subtilement le contraste existant entre les deux mondes de Denisa. D'un côté la réalité, terriblement dure, du peuple rom, marginalisé et ­méprisé. De l'autre, la joliesse de la vie qu'elle fantasme, vouée à sa passion. Marie-Hélène Soenen