Diffusions passées:

La nourrice, diffusion du lundi 21 janvier 2019 à 20h50

Madeleine, une jolie paysanne, quitte la ferme familiale et son mari, avec son bébé sous le bras. Elle monte à Paris pour devenir nourrice et tenter de retrouver son amant Mathieu, qui est injustement accusé de vol. Lorsque les deux amants sont réunis, ils forment le projet de se rendre en Algérie... Critique : Téléfilm de Renaud Bertrand (France, 2004). Scénario : Claude Scasso. 105 mn. Rediffusion. Avec Sophie Quinton : Madeleine. Marthe Keller : la belle-mère. Olivier Saladin : David. Jeanne Herry : Cécile. « Voici la laitière qui arrive avec un nouvel arrivage ! » S'agit-il de vaches normandes ? Non, de femmes du Morvan, jeunes mères allaitantes convoyées à Paris pour nourrir les enfants des riches citadins. Fin XIXe, c'est un trafic qui allait bon train (envoyant à la mort nombre de petits, trop vite privés de mère). Ce film raconte le parcours d'une jeune femme, Madeleine, qu'on a mariée, enceinte, au premier venu, et qui voit dans l'emploi de nourrice dans la capitale le moyen de se rapprocher de l'homme qu'elle aime. Avec un souci ethnographique, il retrace les circonstances de son placement (scène terrible chez le médecin, qui débite tout un savoir froid sur le lait sans la regarder comme un être humain). Puis sa découverte d'un autre monde : les règles sociales des milieux grands-bourgeois, qui, en ayant recours aux nourrices, séparent d'une autre manière les femmes de leurs enfants... Dans ce téléfilm de Renaud Bertrand, auteur remarqué des Bottes, la lumière est à elle seule un langage : les bruns froids et sales dans lesquels les filles vivent avant de trouver leurs familles, le miel confortable de la maison bourgeoise, le gris-blanc glacé de l'hospice des enfants trouvés où les nourrices allaitent à l'abattage... Dans ces tableaux qui lui sont un écrin, Sophie Quinton, alias Madeleine, rayonne d'une émotion à l'autre. Elle fait face à des seconds rôles bien campés - comme Marthe Keller, grande dame à l'autorité qui vacille, ou Jeanne Herry, formidable Cécile, la nounou majeure et vaccinée qui aime les militaires... Emmanuelle Bouchez