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La Liberté guidant les peintres, diffusion du jeudi 04 avril 2019 à 03h00
En 2016, le musée d'Orsay fête ses trente ans ; à travers ses collections, plongée dans la peinture du XIXe siècle, qui vit surgir tant de révolutions. Critique : De tout temps, les artistes ont cherché à se libérer de la férule du pouvoir. Tributaires des commandes officielles, les peintres de l'Ancien Régime se devaient de clamer la grandeur des têtes couronnées. Exaltant avec la même verve la magnificence du premier consul, Jacques-Louis David impose avec Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard l'icône du conquérant invincible. Premier propagandiste de l'épopée napoléonienne, David n'a pas craint de déclarer : « Oui, mes amis, Bonaparte est mon héros ! » A sa suite, le baron Gérard sacralise Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe. Etudiant la relation de dépendance qui lie les peintres et l'autorité, le documentaire situe la fin de la soumission des pinceaux au pouvoir en pleine époque romantique. Caricaturant Louis-Philippe en Gargantua — ce qui lui vaut six mois de prison —, Honoré Daumier ouvre la voie au fougueux Gustave Courbet, contempteur subtil de l'absolutisme de Napoléon III. Emprisonné à son tour pour sa participation à la Commune de Paris, Courbet demeure l'inaltérable symbole du créateur libre, avant les impressionnistes. On sait gré au réalisateur de réserver à cette attachante figure un chapitre éclairant. Dommage qu'il n'ait pas consacré autant d'attention aux palettes rugueuses de Gauguin et de Cézanne, qui auraient pu ragaillardir son panorama trop sage. — Hélène Rochette
