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Le rôle de la moto au cinéma

La grande bellezza, diffusion du lundi 07 mai 2018 à 22h25

Le roi des mondains prend conscience de l'inanité de sa vie… Dans la lignée d'un Fellini, Sorrentino filme les destins croisés d'un homme vieillissant et d'une ville éternelle… Splendide. Critique : | Genre : Sorrentino-Roma Ils dansent. Le corps agité de soubresauts et de spasmes, ils dansent. Visages souriants ou grimaçants, exténués ou extatiques, ils dansent. Et Jep Gambardella n'est pas le dernier... Paolo Sorrentino ne filme que des lâches et des las. Le temps les a grignotés, ils ­vivent mal et en ont honte. Parce qu'ils ont somnolé une grande partie de leur vie, le ­cinéaste semble les pousser aux fesses avec sa caméra. Travellings avant, arrière, latéraux : il n'arrête jamais. Si ce n'est pour contempler, avec amour, les grandi bellezze de la vie : ces palais romains, immenses et silencieux. Pour accentuer la nostalgie, dans un clin d'oeil à un grand film de jadis, Fellini ­Roma, Sorrentino fait rencontrer à son héros, dans les rues de la ville endormie, une actrice — « Mademoiselle Ardant », murmure Jep, émerveillé — qui lui souhaite une bonne nuit ; exactement comme Anna Magnani conseillait à Federico d'aller au lit pour cesser de divaguer. L'ombre de Fellini plane évidemment sur Sorrentino, sans l'écraser. Il ne l'imite pas, il s'en inspire. Alors, tous les souvenirs de Jep, épars et ­désordonnés, toute cette farandole de fantoches proches du néant s'effacent devant son ultime rencontre : cette religieuse sans âge, silhouette ­aussi grotesque que les autres, mais qui lui offre quelques secondes la tentation de l'innocence. Une pureté évanouie. L'amorce d'une béatitude. On quitte Jep sans trop savoir s'il va se résoudre à vivre ou à mourir. En attente. En étonnement... Ce film sublime est reparti bredouille du festival de Cannes 2013. Depuis, Paolo Sorrentino a trusté toutes les récompenses internationales, y compris l'oscar du meilleur film étranger. — Pierre Murat