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La fille de Brest, diffusion du lundi 23 avril 2018 à 23h45
Le scandale du Mediator et la bataille du médecin Irène Frachon contre le laboratoire pharmaceutique qui le commercialisa. Un film dossier bien documenté, interprété avec finesse par l'étonnante Sidse Babett Knudsen (l'héroïne de la série Borgen). Critique : Elle se débat dans les vagues, seule dans l'océan déchaîné. La première image de La Fille de Brest symbolise la bataille menée, envers et contre (presque) tous, par Irène Frachon pour faire interdire le Mediator. La pneumologue du CHU breton avait découvert un lien direct entre des morts suspectes et la prise de ce médicament antidiabète — et souvent prescrit comme coupe-faim... Pendant des années, la modeste praticienne a dû affronter le laboratoire Servier, mais aussi les autorités de contrôle sanitaires, rétives à sanctionner ce poids lourd de l'industrie pharmaceutique, fleuron de « l'excellence » à la française, et sa molécule qui « avait fait ses preuves »... A la manière de Steven Soderbergh dans Erin Brokovich, autre film coup-de-poing sur une femme qui cherche à faire triompher la vérité, Emmanuelle Bercot plonge dans les coulisses de ce combat du pot de terre contre le pot de fer avec une densité d'informations à donner le vertige. Pas besoin toutefois d'être un étudiant en cinquième année de médecine pour apprécier les études épidémiologiques analysées dans le détail et le vocabulaire « pointu » : la réalisatrice compense la dimension parfois technique du sujet par un récit hyper rythmé conçu comme un thriller. La Fille de Brest s'inscrit dans la lignée des grands films dossiers de Costa-Gavras. Même souci d'exactitude documentaire — au point de reconstituer une autopsie avec un luxe de détails à la limite du gore ! Même recours habile à quelques pointes d'humour malgré la gravité du propos. Et même importance apportée aux seconds rôles. Benoît Magimel est particulièrement émouvant en chercheur galvanisé par la fougue de l'héroïne. Il faut dire que, dans la blouse blanche du docteur Frachon, Sidse Babett Knudsen déménage. Les cinq premières minutes, le léger accent de l'actrice danoise a de quoi troubler. Mais sa sincérité, son énergie, son côté un peu clown aussi, finissent, comme son personnage, par briser toutes les résistances. — Samuel Douhaire