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Le rôle de la moto au cinéma

La déchirure, diffusion du lundi 18 mars 2019 à 20h55

Le drame d'un journaliste cambodgien au moment de la prise du pouvoir par les Khmers rouges. Puissante et bouleversante dénonciation de l'absurdité de la guerre, et de son horreur, d'après une histoire authentique. Critique : | Genre : reporters sans frontières. A peine cinq ans après la fin du régime de Pol Pot, qui mit à mort près de deux millions de Cambodgiens entre 1975 et 1979, La Déchirure faisait surgir sur le grand écran, et pour le public le plus large, ces événements effroyables. Cette capacité de réaction fait aujourd'hui encore la valeur du film de Roland Joffé, qui n'est pas un grand cinéaste mais qui possède un regard d'une certaine franchise, héritée sans doute de sa formation à la télé anglaise. Ici, il évite de son mieux les raccourcis pour raconter l'histoire vraie du journaliste américain Sydney Schanberg, qui resta à Phnom Penh jusqu'à l'arrivée des Khmers rouges, protégé par son guide, cambodgien et journaliste lui aussi, Dith Pran. Mais celui-ci fut envoyé dans les camps de la mort de Pol Pot, où les intellectuels étaient les premiers massacrés, tandis que Sydney Schanberg parvenait à fuir le pays. Jusqu'où le devoir d'information doit-il ­aller ? Quand les journalistes sont pris pour cible, les exigences du reportage de terrain ne se retournent-elles pas contre la raison humanitaire ? Les questions que soulève La Déchirure sont malheureusement toujours d'actualité. Roland Joffé illustre avec honnêteté ce thème de l'engagement du reporter et des conflits d'opinion ou de morale personnelle qui y sont liés. Mais il est plus maladroit dans le registre des émotions, systématiquement caricaturées par des choix musicaux catastrophiques (et par le titre français, moins sobre que l'original : The Killing Fields). De ce point de vue, le film a sérieusement vieilli. — Frédéric Strauss