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La Clémence de Titus, diffusion du samedi 06 mai 2017 à 05h00

Denis Podalydès transpose dans les années 1940 le dernier opéra de Mozart. A la tête d'un Etat en déroute, Titus s'est réfugié dans un hôtel de luxe, entouré d'une poignée de fidèles. Parmi eux, Vitellia espère qu'il la prendra pour épouse. Mais Titus lui préfère Servilia, qui est elle-même éprise d'Annius. Titus renonce alors à se dresser entre les deux amants et arrête son choix sur Vitellia. Ignorant tout de ce revirement, cette dernière convainc Sextus, son soupirant, de comploter contre Titus malgré l'amitié qui les unit. -- Critique : « Adieu, Seigneur, régnez, je ne vous verrai plus. » Sur le plateau du Théâtre des Champs-Elysées plongé dans l'obscurité, seule en scène, la reine Bérénice quitte en vingt alexandrins l'empereur Titus. Elle l'aime, il l'aime, mais la raison d'Etat est la plus forte. Quand les lumières se rallument, exit la tragédie de Racine, commence l'opéra de Mozart, La Clémence de Titus, dont le livret prend la suite du drame classique. L'empereur est sonné, qui n'est pourtant pas au bout de ses peines (de coeur), ni de ses tribulations (politiques). Dans la fosse du Théâtre des Champs-Elysées, Jérémie Rhorer, le plus mozartien des jeunes chefs français, explore la partition d'un regard divinateur. Il est aidé par la mise en scène de Denis Podalydès. Plus d'antiquité romaine ni de Capitole, mais un hôtel chic des années 1930, où Titus et sa camarilla d'hommes de confiance, bientôt changés en conspirateurs, ont trouvé refuge. La distribution vocale est proche de l'idéal. Le Titus vétéran de Kurt Streit suggère habilement le désarroi d'un homme doublement floué, en amour et en amitié. Belle idée d'avoir fait des deux rôles travestis — Annio et Sesto, les conseillers du prince — de faux jumeaux. D'une androgynie troublante, la mezzo américaine Kate Lindsey campe un Sesto sur le fil du rasoir, entre violence et tendresse. Quant à Vitellia, celle qui tire les ficelles du complot contre Titus, c'est l'anti-Bérénice. Là où celle-ci s'efface avec noblesse, celle-là s'accroche sans vergogne. La soprano canadienne Karina Gauvin s'acquitte en virtuose consommée de ce rôle ingrat — sorte de Marie-Antoinette austro-latine, tête à claques égoïste et manipulatrice. — Gilles MacassarFabrice Luchini« Je ne regarde pas énormément la télévision. Comme beaucoup, j'aime les grands documentaires sur Arte ou Secrets d'histoire sur France 2 avec des historiens remarquables. Je rate rarement C dans l'air, même si parfois je ne comprends rien. Mais je peux aller très loin. Jusqu'à Morandini, voire jusqu'aux émissions qui suivent le travail des flics sur l'autoroute ou dans une ville chaude, du genre "Un été à Toulon". Alors, je me soigne, je vais écouter du Bach ou lire des choses sérieuses, mais je m'autorise aussi parfois ce vice. J'aime beaucoup aussi Faites entrer l'accusé, qui me fascine, avec mon préféré, Dominique Rizet et sa manière inimitable d'intervenir dans l'émission, son petit côté "Ne nous emballons pas, tout le monde se calme." Maintenant, on lui demande même d'être sur les plateaux des chaînes d'info quand il y a un attentat. En revanche, je trouve que c'est une erreur de France 2 d'avoir programmé Non élucidé à la place. C'est insupportable de ne pas savoir ce qui s'est passé, même si Jean-Marc Bloch, l'ancien commissaire, y est formidable. A part ça, je regarde le journal de 20 heures, en général celui de David Pujadas. Ça me plaît beaucoup, sa manière de s'effacer. Ou rarement Plus belle la vie, avec mes deux personnages favoris, le patron du café qui essuie tout le temps son comptoir et l'homo de service. Mais là, ce côté shakespearien, c'est un peu trop fort pour moi. »