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La bataille du charbon (1944-1948), diffusion du mardi 15 mai 2018 à 02h55
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France est détruite. Pour se reconstruire, elle doit se fournir en charbon. Avec l'appui du Parti Communiste, le gouvernement de l'époque sollicite alors les 200 000 mineurs du pays et leur demande de doubler la cadence. Erigés en modèles devant les autres ouvriers, les mineurs travaillent au péril de leur vie. La propagande et la couverture médiatique galvanisent les Français. Une compétition s'engagent entre les mines : plus de 100 000 tonnes de charbon sont produites au quotidien, mais beaucoup n'y survivent pas. En 1948, les héros oubliés de ce combat d'après-guerre sont violemment trahis. Critique : Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, lourde de centaines de milliers de morts, de milliers de familles sans logement, de magasins aux étals désespérément vides, d'infrastructures dévastées, la France est exsangue. Principale source d'énergie de l'époque, le charbon s'avère crucial dans la bataille pour la reconstruction du pays. En juillet 1945, pour convaincre les mineurs de retrousser leurs manches et d'amplifier la production, de Gaulle se fend d'un voyage à Béthune. Mais c'est Maurice Thorez, le patron du Parti communiste, qui les persuade de multiplier les cadences en évoquant un « devoir de classe ». Héroïsés par les médias, galvanisés par la propagande prolétarienne, les mineurs se lancent à corps perdu dans la bataille du charbon, travaillant sans relâche, sacrifiant leur santé et leurs congés au graal du sursaut national. Au printemps 1946, en reconnaissance de leur contribution, les mineurs obtiennent un statut et un salaire garanti. En 1948, l'amorce de la guerre froide, qui scelle la sortie des ministres communistes du gouvernement, sonne aussi la remise en cause de ces avantages acquis. Les corons se soulèvent ; près de trois cent mille mineurs se mettent en grève. Le ministre socialiste de l'Intérieur, Jules Moch, envoie militaires et CRS pour réprimer. Pierres et boulons contre armes de guerre, l'issue était annoncée. Six mineurs y laissent la vie, 1 342 seront condamnés à de la prison ferme, 3 000 licenciés. Auteur du lumineux Enfants du terril, diffusé sur France 2 en mars dernier, Frédéric Brunnquell fait résonner avec ce film (1) un chapitre peu conté du roman national. Celui d'un engagement citoyen et d'une trahison d'Etat. Tissage maîtrisé d'archives et de souvenirs, toujours à vif, d'anciens mineurs, soutenu par un commentaire parfois emphatique, le documentaire redonne vie à ces mémoires ouvrières effacées et pudiques, balançant entre fierté et douleur. Dommage que le film, à vouloir retracer l'ensemble de l'épopée, ne resserre pas son propos autour de ces hommes, licenciés abusivement pour avoir fait grève et qui n'ont toujours pas obtenu réparation. — Marie Cailletet (1) Primé au Festival international du grand reportage d'actualité en 2016.