Diffusions passées:
Jeanne d’Arc, diffusion du lundi 10 décembre 2018 à 23h15
Besson ne doute de rien... Après Dreyer et Bresson, il s'attaque donc à la mythique pucelle et filme sa compagne de l'époque en en faisant une hystéro à la limite du supportable. Entre combats dans la boue et illuminations mystiques, on peut admirer le douzième lifting de Faye Dunaway. Critique : Un historien, Roger Caratini, nous explique (1) qu'il n'y a rien de vrai, ou presque, dans l'épopée de Jeanne d'Arc. « Elle n'a joué aucun rôle, sinon accessoire, dans la guerre de Cent Ans. Elle n'a pas été la libératrice d'Orléans, puisqu'il n'y a pas eu de siège de la ville. Les Anglais ne sont pour rien dans sa mort. » Et d'ajouter que « l'artiste n'est pas là pour écrire l'Histoire, mais pour réaliser une oeuvre d'art » et, donc, qu'au cinéma « la vérité n'a aucune importance » ce en quoi il a parfaitement raison. Jeanne ne serait donc, dans ses multiples avatars cinématographiques, que le reflet des convictions ou de l'inconscient de ses réalisateurs. En 1928, par exemple, dans La Passion de Jeanne d'Arc, Dreyer fait de Renée Falconetti une martyre de l'intolérance religieuse. En 1961, Robert Bresson, dans Le Procès de Jeanne d'Arc, privilégie la foi insondable et mystérieuse de Jeanne, face à ses juges. En 1970, dans un film méconnu mais formidable, Le Début, le réalisateur russe Gleb Panfilov fait d'Inna Tchourikova une ouvrière qui, engagée contre toute attente pour interpréter Jeanne, se découvre une force inattendue, une forme de grâce. En 1994, dans Jeanne la Pucelle, Jacques Rivette privilégie, lui, les faiblesses de Jeanne : ses peurs, ses doutes, son angoisse. Luc Besson a donc bien le droit de filmer Jeanne telle qu'il la voit. Le seul problème mais de taille c'est que sa vision est opaque. Et un peu simplette, quand elle s'éclaircit. En gros, c'est une hystérique. Elle a été totalement traumatisée par le viol et l'assassinat, sous ses yeux, de sa soeur par les Anglais, auxquels elle va vouer, c'est bien naturel, une haine tenace. Elle est exaltée aussi par de (trop ?) fréquentes confessions à l'église de son village, et son subconscient donne naissance à des apparitions qu'elle appelle « ses voix ». Apparitions qui, à l'écran, varient au fur et à mesure de son évolution : la petite Jeanne blonde contemple un gamin muet ; l'adolescente, une sorte de Christ triste. Dans sa prison, à la fin, ayant perdu et sa blondeur et ses illusions, c'est avec un vieil homme barbu (Dustin Hoffman) qu'elle dialogue. Celui-ci consent à l'absoudre de ses péchés lorsqu'elle aura, au terme d'une confession qui ressemble à une séance de psychanalyse, pris conscience de sa vérité, donc de ses erreurs. Malgré Milla Jovovich, qui campe avec mérite une Jeanne hallucinée et plutôt sexy , tout ça ne passionne guère. D'autant que Luc Besson, le premier, ne semble pas intéressé par le secret de son héroïne. Il aime son panache, c'est évident, et son obstination aussi. Dénuée de tout mystère, de toute mystique, Jeanne, en fait, est la soeur de Nikita, l'une de ses précédentes héroïnes, en plus casse-cou encore. Et celle de Léon, un autre de ses héros, en plus naïve. Apparaît alors le thème qui parcourt tous ses films : l'innocent utilisé puis abandonné par une société perverse. En l'occurrence la cour de France, symbolisée par le futur Charles VII, vaguement couard (John Malkovich). Et surtout par sa belle-mère (Faye Dunaway, qui s'est fait, en nettement moins bien, la tête de Virna Lisi dans La Reine Margot, de Patrice Chéreau), sorte de Cruella échappée d'une BD gothique. Au demeurant, il y a, très volontairement, un côté BD affirmé dans les portraits franchement caricaturaux des compagnons de combat de Jeanne (Dunois, La Hire, Gilles de Rais, etc.). Et jusqu'au coeur des batailles, avec ces gros boulets anglais qui emportent, un à un, comme dans un bowling géant, les braves soldats français. Mais évitons les moqueries que le film ne mérite sûrement pas. La Jeanne d'Arc de Besson n'est pas irrespectueuse sinon pour les pères de l'Eglise, et encore ! Rien qu'un tantinet ennuyeuse (deux heures quarante pour nous dire quoi ?) et totalement obsolète. Cette Jeanne-là ne provoque ni passion ni réflexion. C'est une Jeanne jolie à regarder. Une Jeanne de plus. Une Jeanne pour rien - Pierre Murat (1) Jeanne d'Arc. Ed. de l'Archipel. Et interview dans Le Journal du dimanche, du 24 octobre 1999.
Jeanne d’Arc, diffusion du lundi 03 décembre 2018 à 21h00
Jeanne d’Arc, diffusion du mardi 09 mai 2017 à 20h55
Jeanne n'a que 8 ans lorsqu'en 1420, elle assiste à la destruction de son village lorrain, Domrémy, par des soudards anglais. Ayant vu, impuissante, sa soeur se faire violer puis tuer, elle apaise son désir de vengeance en se réfugiant dans la foi et la prière. Quelques années plus tard, une voix divine la somme de marcher sur Orléans, afin de délivrer la ville assiégée. Jeanne réussit à rencontrer le futur roi et à obtenir la direction d'une petite armée. Elle n'a que 17 ans lorsque, contre toute attente, elle parvient à mettre les Anglais en déroute. Dans la liesse générale, Charles VII est sacré roi à Reims. Mais le combat continue pour Jeanne... -- Critique : Besson ne doute de rien... Après Dreyer et Bresson, il s'attaque donc à la mythique pucelle. Il joint l'utile à l'agréable en filmant sa compagne de l'époque et en fait une hystéro à la limite du supportable. Entre combats dans la boue et illuminations mystiques, on peut toujours admirer le douzième lifting de Faye Dunaway.