Diffusions passées:

Interdites d’école, diffusion du dimanche 29 avril 2018 à 04h15

Ratifiée par plus d'une centaine de pays, la convention de 1979 sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes consacre le droit à l'éducation. Pourtant, partout dans le monde, plus d'une centaine de millions de petites filles sont écartées de bancs de l'école. La réalisatrice de ce document, Jeannette Bougrab, illustre la réussite par l'éducation et l'école, et le droit au savoir pour tous. Au Laos, au Pakistan, au Kenya ou encore au Yémen, les jeunes filles sont souvent privées de tout bagage scolaire et deviennent ainsi des victimes potentielles. Critique : Sa mère, née en Algérie et mariée de force à l'âge de 13 ans, n'est pas allée à l'école. A son plus grand regret. Jeannette Bougrab a grandi dans le culte de l'éducation scolaire, qui émancipe, enrichit, élève. Elle a bien retenu la leçon puisqu'elle s'est hissée jusqu'aux palais de la République française — elle fut secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse et de la Vie associative dans le gouvernement Fillon. En entreprenant ce film, Jeannette Bougrab a « voulu comprendre comment et pourquoi, soixante ans après ce qu'a vécu [sa] mère, le droit à l'éducation des jeunes filles peut encore être contesté ». La voici au Pakistan, dans une madrasa (« une école de la soumission, pas de l'émancipation ! »), puis au côté de la jeune Prix Nobel de la paix Malala, grièvement blessée sur le chemin de l'école par les fous de Dieu. Et du chef taliban Sami ul Haq, qui se répand en propos ahurissants (la tentative de meurtre de Malala serait un complot des Occidentaux !). Elle poursuit sa quête au Kenya, au Guatemala, au Cambodge, au Yémen, où elle explore d'autres problématiques que le seul conservatisme religieux. Jeannette Bougrab est de toutes les images ou presque, mais faut-il le lui reprocher puisque d'évidence elle mouille sa chemise ? Elle perd en revanche quelque peu le fil de son récit, qui au final aborde la question plus générale des violences faites aux femmes. C'est toutefois un franc plaidoyer pour l'école. Qui suggère que si les jeunes filles du monde entier étaient mieux éduquées l'humanité tout entière s'en porterait drôlement mieux. — Marc Belpois