Diffusions passées:

Imitation Game, diffusion du mercredi 06 juin 2018 à 20h55

En 1939, le mathématicien britannique Alan Turing entre au service de son pays pour décrypter le code secret des transmissions allemandes. Génial Cumberbatch ! Critique : | Genre : Décryptage d’un homme. La machine s’appelait Enigma : permettant d’envoyer des messages cryptés, elle fut l’arme de l’Allemagne nazie pour diriger ses opérations militaires. L’homme s’appelait Alan Turing (1912-1954) : engagé pour briser le code des transmissions allemandes, ce mathématicien britannique fut un héros de l’ombre au service de son pays, avant d’être lui-même brisé. Condamné en 1952 pour homosexualité, il se suicida. Le scénario oscarisé d’Imitation Game nous fait ainsi passer de la recherche d’un code secret, visant à mettre en échec Enigma sur fond de tensions dramatiques face à l’avancée de l’armée allemande, à la découverte d’un homme, lui-même très secret. A travers le portrait de ce génie asocial, capable de dialoguer avec les mécanismes les plus complexes, mais pas du tout fait pour les relations humaines, une hypothèse forte s’affirme : l’homme qui vainquit une machine en était une lui-même. L’interprétation de Benedict Cumberbatch se révèle alors décisive : l’acteur parvient à exprimer l’efficience presque robotisée de Turing mais aussi sa solitude, sa souffrance. Il nous donne à comprendre cet être à part, homme du futur ouvrant la voie aux nouvelles technologies, sacrifié au nom de lois héritées d’un passé archaïque. En 2009, le Premier ministre Gordon Brown présenta des excuses au nom du gouvernement britannique pour la manière dont Alan Turing fut traité. En 2013, la reine lui exprima un pardon posthume. En 2015, c’est un grand acteur qui, en l’incarnant, lui a rendu hommage.

Imitation Game, diffusion du lundi 04 décembre 2017 à 20h55

En 1939, le mathématicien britannique Alan Turing entre au service de son pays pour décrypter le code secret des transmissions allemandes. Génial Cumberbatch ! Critique : Deux énigmes pour une seule intrigue... D'un côté, une machine, justement baptisée Enigma : permettant d'envoyer des messages cryptés, elle fut l'arme de l'Allemagne nazie pour diriger ses opérations militaires. De l'autre, un homme, le mathématicien britannique Alan Turing (1912-1954). Engagé avec d'autres « cerveaux » pour briser le code des transmissions allemandes, il fut un héros de l'ombre au service de son pays, avant d'être lui-même brisé : condamné en 1952 pour homosexualité, contraint d'accepter une castration chimique pour échapper à la prison, il se suicidera. Sur fond de tensions dramatiques face à l'avancée de l'armée allemande, la lutte contre Enigma se joue derrière les portes d'un hangar où Alan Turing construit son énorme appareil à décrypter les codes, ancêtre de l'ordinateur. C'est paradoxalement la partie la moins excitante d'Imitation Game : pas assez expliquée, la logique qui permet de trouver la clé des messages demeure vague et abstraite. C'est que le jeu annoncé par le titre désigne autre chose : un test mis au point par Turing pour différencier intelligence artificielle et intelligence humaine, hélas trop vite évoqué. En revanche, une hypothèse passionnante s'affirme par touches successives, à travers le portrait d'un génie asocial, capable de dialoguer avec les mécanismes les plus complexes mais pas du tout conçu pour les relations humaines : l'homme qui vainquit une machine en était une lui-même. A cette vision, qui pourrait être glaçante, l'interprétation de Benedict Cumberbatch apporte, sans la contredire, beaucoup de nuances. L'acteur parvient à exprimer à la fois l'efficience presque robotisée de Turing et sa solitude, sa souffrance. Sa composition, qui lui vaut une nomination logique à l'oscar, semble éclairer le destin de cet être à part, jamais bien dans son époque : homme du futur, ouvrant la voie aux nouvelles technologies, sacrifié au nom de lois héritées d'un passé archaïque. En 2009, le Premier ministre Gordon Brown présenta des excuses au nom du gouvernement britannique pour la manière dont Alan Turing fut traité. En 2013, la reine lui exprima un pardon posthume. En 2015, c'est un grand acteur qui, en l'incarnant, lui rend hommage. — Frédéric Strauss