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Le rôle de la moto au cinéma

Homos, la haine, diffusion du jeudi 17 mai 2018 à 02h05

L'homophobie est un mal qui ronge les sociétés contemporaines. Les débats et débordements qui se poursuivent depuis l'adoption de la loi sur le mariage pour tous en sont un exemple de premier plan. Or, elle empêche les rapports libres et égaux entre tous les individus, qu'ils soient homosexuels ou hétérosexuels. Pour réagir à cet état de fait, Eric Guéret et Philippe Besson réunissent dans ce documentaire des paroles d'hommes et de femmes qui ont subi des actes homophobes violents. Sauvagement agressés par des anonymes, rejetés par leur famille, harcelés au travail, chacun revient sur ce qu'il a vécu. Critique : « Ils me sont tombés dessus à quatre, se sont amusés à m'écraser des mégots sur le torse. En prenant du recul, ils tapaient dans ma tête comme dans un ballon de foot. Ils ont brûlé ma pièce d'identité, ils voulaient détruire tout ce que je représentais en tant qu'homosexuel. » Sodomisé avec une branche, Bruno est laissé pour mort dans un parc de Vitry-sur-Seine. Des semaines de coma, des mois de rééducation, un corps brisé, une peur enracinée mais l'envie de témoigner des effets dévastateurs de l'homophobie. Feutrée ou d'une violence innommable, tapie dans l'inconscient indicible des familles, au travail, la haine de ceux qui aiment différemment fait des ravages. Dans une extrême épure, le documentaire entremêle les témoignages de neuf gays et lesbiennes, d'âge, d'origines régionale et sociale diverses, de confessions différentes. Filmés face caméra en studio, alors qu'à l'arrière-plan se meuvent des lais de tissu sur lesquels sont projetées les images des lieux « où ils se sentent en sécurité, où ils se ressourcent », Amina, Bruno, Emmanuelle, Samuel, Irène, Pierre, Laurent, Martine et Wilfred disent le rejet, les humiliations, la mise au ban familial, les tentatives de suicide, les viols, les coups. Nul « parasitage extérieur » dû aux interventions de psychologues, d'associatifs ou d'avocats, juste leurs mots et leurs visages. Seul élément de contextualisation, des extraits des propos entendus pendant cette période scandent le passage d'une victime à une autre. Comme un choeur nauséabond. Longtemps dissimulée, au fil des débats sur le mariage ouvert aux personnes de même sexe, la haine homophobe s'est trouvé des porte-voix. Rejetant dans la peur ceux qui pensaient que l'acceptation sociale était définitivement acquise. En témoignant, les neuf ont décidé de ne pas baisser la tête. « On ne veut pas les laisser nous intimider, conclut Wilfred. Les connards ne doivent pas avoir le dessus. » — Marie Cailletet [[181686]] La plate-forme d'appels à témoignages donne la possibilité aux internautes de partager leur histoire, qui sera rendue publique. Elle proposera par ailleurs des dossiers thématiques, des infographies, des vidéos où des personnalités relayeront les témoignages des victimes.