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Le rôle de la moto au cinéma

Hitler-Staline, La diagonale de la haine, diffusion du mardi 21 août 2018 à 09h25

Ullrich Kasten met en parallèle les trajectoires des deux dictateurs du XXe siècle, qui ne se sont jamais rencontrés mais avaient en commun leur antisémitisme et une forme de paranoïa. Le réalisateur décrit notamment la terrible partie de poker menteur à laquelle ils se sont livrés au moment du pacte germano-soviétique. Ainsi, lorsque l'Allemagne nazie envahit l'URSS, le 22 juin 1941, Staline est médusé. Il tarde à réagir, donne des ordres contradictoires. Pendant ce temps, les troupes allemandes, aguerries par plusieurs guerres éclair, triomphent. Le Führer se voit déjà à Moscou, qu'il dit vouloir raser et remplacer par un immense lac artificiel. Puis, devant son échec, il jure de détruire Stalingrad. Cette terrible bataille marquera le tournant de la guerre. Critique : Hitler-Staline, Staline-Hitler : les deux noms sont prononcés avec une telle fréquence que l’on croit assister au début à une partie de ping-pong historique. Crainte redoublée quand le commentaire analyse la guerre que se livrent Hitler et Staline comme étant celle de la « lutte des races » et de la « lutte des classes ». En réalité, ce film reprend chronologiquement l’invasion de la Russie par les armées allemandes lors de l’opération Barbarossa, déclenchée en juin 1941, qui se terminera dans les ruines de Berlin. Il est beaucoup question, dans le commentaire, de psychologie, de névrose, de paranoïa, de bunker (Hitler) contre datcha (Staline). On frémit parfois en entendant des formules telles que « sensualité glaciale des parades hitlériennes » ou « exécutants du verdict de l’Histoire ». Mais les images d’archives de cet incroyable conflit qui mit face à face des millions d’hommes, celles qui montrent les ferveurs populaires et les regards hypno­tisés lors des défilés où chars, soldats, trophées glissent sous l’œil des caméras ad­miratives, comme à Nuremberg ou au Kremlin, valident presque les envolées du commentaire. La force des propagandes, le culte de la personnalité, l’irrationnel et la démesure qui verrouillèrent les deux systèmes dictatoriaux sont rappelés avec force. Loin d’être une simple comparaison naïve de deux types de régime, ce film est finalement le déroulé efficace d’une guerre et du destin de deux figures criminelles.