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Heart of a Dog, diffusion du mardi 15 mai 2018 à 01h30

A partir de sa relation presque fusionnelle avec sa chienne Lolabelle, Laurie Anderson construit un essai poétique dédié à Lou Reed, son époux, mort en 2013. Critique : L'étoffe de notre existence croise des fils intimes et d'autres, que nous partageons avec le reste du monde. Rares sont les films à témoigner de ce tissage du singulier et du pluriel au coeur de nos vies avec l'acuité dont fait montre Heart of a dog. La chienne du titre a pour nom Lolabelle. La musicienne américaine Laurie Anderson (1) lui voue un amour absolu, au point de la rêver née de son propre ventre dans un prégénérique animé par ses soins. Et d'en faire le fil rouge de cet essai, dont le montage établit dans un premier temps des liens entre souvenirs personnels et fragments d'Amérique de l'après-11 Septembre. Entre les regards au ciel de Lolabelle après qu'un faucon a fondu sur elle en la prenant pour un lapin et ceux des New-Yorkais après que deux avions se sont encastrés dans leurs tours. Entre le ciel du Midwest, qu'enfant Laurie Anderson aimait à contempler, et le « cloud » dans lequel flottent les données de nos vies, analysées sans vergogne par l'Agence de sécurité nationale, dont le siège lui évoque les pyramides d'Egypte... Tout un jeu de correspondances, d'apparentements et de pensées, qui forment peu à peu une vision de l'existence baignée de spiritualité, au centre de laquelle trône la défunte Lolabelle, fantôme omniprésent de ce film, qui en compte quelques autres, parmi lesquels la mère de l'artiste et son mari, le regretté Lou Reed, auquel est justement dédié ce bel essai universel tant il est singulier. — François Ekchajzer (1) Heart of a dog est aussi un CD de Laurie Anderson, paru en 2015 chez Nonesuch Variete.