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Fais de beaux rêves, diffusion du mardi 26 décembre 2017 à 02h30

Massimo est hanté par le souvenir de sa mère, disparue de façon trouble dans son enfance. Le chemin de la délivrance offre un sujet et un récit poignant. Critique : Sonder les mystères de la psyché de manière intelligente et sensuelle à la fois, c'est la griffe de Marco Bellocchio. Inspiré d'un livre de Massimo Gramellini (journaliste de La Stampa), Fais de beaux rêves est un film d'une simplicité limpide, autour d'une tragédie intime. Celle vécue par Massimo, un garçon de 9 ans, qui a une relation tendre et complice avec sa mère. On est en 1969, à Turin. Dans la première scène, on les voit danser un rock ensemble. Leur attachement est manifeste. Mais un voile d'ombre caresse ce chromo assumé. Cette mère meurt, une nuit, dans des circonstances obscures. Du moins pour l'enfant, auquel on cache la vérité. On lui dit d'abord qu'elle est à l'hôpital, puis qu'elle est partie au ­Paradis, où elle a été appelée par Dieu. Massimo n'accepte pas vraiment toutes ces versions, il questionne, se rebelle. C'est un garçon (Nicolò Cabras, formidable) dont le seul regard, noir et têtu, renferme ce qu'on aime tant chez Bellocchio : une âme belle et rebelle derrière les traits marqués d'un visage. Devenu journaliste sportif, puis reporter de guerre, Massimo (Valerio Mastandrea) reste poursuivi par le sourire de sa mère. Comme l'appartement familial où il a continué de vivre avec son père doit être vendu, les souvenirs remontent, heureux ou malheureux. Que ce soit la sortie avec le père — décisive quant à sa future vocation — au stade du Torino (l'autre club de Turin, rival historique de la Juventus) ou une soirée devant la télévision qui diffuse la série Belphégor avec Juliette Gréco. Le cinéaste donne beaucoup d'intensité à ses vignettes fugitives. Le film ne cesse de faire des allers-retours entre les années 70, où Massimo est ado, et la fin des années 90, où le récit se construit autour des doutes et des peurs du ­héros : impressionnante séquence où Massimo, assailli par une crise d'angoisse, appelle l'hôpital et reprend peu à peu son souffle grâce aux consignes données par un médecin (Bérénice Bejo). Si Marco Bellocchio ne croit pas en Dieu (il dénonce une fois encore les méfaits et les mystifications de la religion), au moins croit-il dans la cure, l'amélioration de soi et du monde. Fais de beaux rêves, souvent poignant, aboutit à une sorte de délivrance, symbolisée par une danse endiablée — plus proche de Belphégor que de la foi chrétienne... — Jacques Morice   Sortie le 28 décembre.

Fais de beaux rêves, diffusion du mardi 12 décembre 2017 à 08h20